jeudi 7 novembre 2019

"Tercets du dimanche", de Thierry Radière


Quand je lis "Tercets du dimanche", de Thierry Radière (publié par les Éditions Gros Textes), c'est bizarre mais je lis plutôt "Tiercé du dimanche". Je ne pense pas que cela soit trop grave, d’autant plus que cette confession me semble éclairer en partie le contenu de ce livre.

En effet, cet ensemble de courts poèmes de trois vers - des tercets - est l'occasion de retourner au folklore des souvenirs d'une génération (celle des années soixante-dix), dont peut tout à fait faire partie le "tiercé du dimanche", mais aussi la messe, le film à la télé, la lessive, Starsky et Hutch. Tout un tas de choses bien ordinaires qui font que, malgré tout, les dimanches ne sont pas des jours comme les autres.
Ce sont, bien sûr, des moments de repos, mais aussi d'angoisse, le soir, si l'on embraye sur une nouvelle semaine de travail ou d'école.

Toutefois, il semble moins évident que les dimanches servent également à rêver d'autre chose.

Extrait de "Les tercets du dimanche", de Thierry Radière :

"On dirait qu'il y a dans la maison
dès que le générique retentit
une autre musique que chacun garde pour lui."

"A-t-on inventé ce jour
pour donner une pointe d'espoir à la vie
des travailleurs bien tranquilles ?"

"En un rien de temps 
quelque chose se glisse dans les cœurs
et ne veut plus partir"

"Si proche les uns des autres
qu'un goût de malabar dans la bouche
colle au plafond le souvenir tel un mobile."

La photographie de couverture est de Cédric Merland.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Tercets du dimanche", de Thierry Radière, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://sites.google.com/site/grostextes/

lundi 4 novembre 2019

"Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri


Il y a deux façons d'aborder "Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri, publié dans la collection Polder de la revue Décharge.

Bien sûr, la première façon ne va pas sans la deuxième.

La première façon, c'est par le biais du langage. Celui est vraiment remarquable : très musical à mon goût, mais d'une musique syncopée par des k ou q. Question de rythme donc.

La deuxième façon, c'est que ce langage mouvementé décrit une progression à travers le monde réel des villes. 

À cet égard, chaque ensemble de poèmes en vers est précédé d'une sorte d'argumentaire en prose et en italique dans lequel le sujet de cette partie du recueil est exposé : celui de la file d'attente devant un guichet, du remplissage de formulaires, du passage devant une caméra de vidéo-surveillance ou un interphone, d'une journée d'un être humain envisagée sous son angle purement qualitatif.

Ainsi, le langage employé dans "Vracquentaire" est mis au service d'un sujet qu'il qualifie avec justesse, sans exagération ni apitoiement, mais avec la certitude d'une absence de liberté. 

Bien sûr, chaque poème est également un ressenti, voire un échappatoire dans la fuite, la seule attitude possible sans dégâts.

Extrait de "Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri :

"dézingue le fracas des pieds sauvent qui peut
jamais s'arrête le grand branle-bas des saccages

mains de tête échafaudent rampe de
   lancement
tirs à vue en clafoutis de bonbec

cours cours

des figures rocambolent leurs équilibres
de joies patraques en bousculade

cours cours au-dessus du réel
à grandes foulées sauvages"

La préface est de James Sacré et l'illustration de première de couverture de Janna Zhiri.

Si vous souhaitez vous procurer "Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur : http://www.dechargelarevue.com/-La-collection-Polder-.html