samedi 7 décembre 2019

"Géographies fugueuses", d'Éric Barbier


Publié par les Éditions Le Contentieux, "Géographies fugueuses", d'Éric Barbier, est une série d'histoires plus ou moins courtes, dont le début prend pied dans le quotidien et s'achève dans le fantastique, l'inexplicable, du moins.

Les personnages de ces histoires sont des solitaires, qui sont le plus souvent victimes du syndrome de l'invisibilité.

Il s'agit parfois d'écrivains ou d'artistes. Faut-il y voir une image de l'indifférence frappant les créateurs qui ne sont pas reconnus par leur public ? Pas certain.

En tout cas, ces textes se lisent bien et, mine de rien, parlent du monde d'aujourd'hui. 

Par exemple, la dernière histoire du volume constitue un témoignage sur l'écroulement de notre civilisation. Cette situation peu envieuse de ces créateurs solitaires (nous !) n'est-elle pas le reflet d'une situation bien réelle : leur nombre important, dans la société d'aujourd'hui, due à l'élévation du niveau culturel, favorisant leur anonymat ?

Extrait de "Géographies fugueuses", d'Éric Barbier, le premier paragraphe de "Pratiques" (je vous laisse deviner la suite) :

"Ce docteur, médecin généraliste en exercice depuis plusieurs années dans la ville de Salezan, jouissait d'une excellente réputation que certains de ses actes semblait renforcer. La salle d'attente de son cabinet était toujours bondée, ses journées s'allongeaient excessivement, le médecin aurait dû refuser de nouveaux patients mais il ne pouvait s'y résoudre et acceptait tous ceux qui se présentaient. Étaient plébiscités la qualité de son écoute, la sûreté de son diagnostic, sa patience et aussi sa fermeté quand celle-ci s'avérait nécessaire, son dévouement. Il était de plus un homme sympathique qui avait le don de par sa conversation de susciter la confiance des malades."

L'illustration de couverture est de Pascal Ulrich (décédé voici maintenant 10 ans).

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Géographies fugueuses", d'Éric Barbier, qui est vendu au prix de 10 €  (10 € seulement pour un volume de 111 pages), rendez-vous sur le blog de l'éditeur : https://lecontentieux.blogspot.com/

jeudi 7 novembre 2019

"Tercets du dimanche", de Thierry Radière


Quand je lis "Tercets du dimanche", de Thierry Radière (publié par les Éditions Gros Textes), c'est bizarre mais je lis plutôt "Tiercé du dimanche". Je ne pense pas que cela soit trop grave, d’autant plus que cette confession me semble éclairer en partie le contenu de ce livre.

En effet, cet ensemble de courts poèmes de trois vers - des tercets - est l'occasion de retourner au folklore des souvenirs d'une génération (celle des années soixante-dix), dont peut tout à fait faire partie le "tiercé du dimanche", mais aussi la messe, le film à la télé, la lessive, Starsky et Hutch. Tout un tas de choses bien ordinaires qui font que, malgré tout, les dimanches ne sont pas des jours comme les autres.
Ce sont, bien sûr, des moments de repos, mais aussi d'angoisse, le soir, si l'on embraye sur une nouvelle semaine de travail ou d'école.

Toutefois, il semble moins évident que les dimanches servent également à rêver d'autre chose.

Extrait de "Les tercets du dimanche", de Thierry Radière :

"On dirait qu'il y a dans la maison
dès que le générique retentit
une autre musique que chacun garde pour lui."

"A-t-on inventé ce jour
pour donner une pointe d'espoir à la vie
des travailleurs bien tranquilles ?"

"En un rien de temps 
quelque chose se glisse dans les cœurs
et ne veut plus partir"

"Si proche les uns des autres
qu'un goût de malabar dans la bouche
colle au plafond le souvenir tel un mobile."

La photographie de couverture est de Cédric Merland.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Tercets du dimanche", de Thierry Radière, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://sites.google.com/site/grostextes/

lundi 4 novembre 2019

"Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri


Il y a deux façons d'aborder "Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri, publié dans la collection Polder de la revue Décharge.

Bien sûr, la première façon ne va pas sans la deuxième.

La première façon, c'est par le biais du langage. Celui est vraiment remarquable : très musical à mon goût, mais d'une musique syncopée par des k ou q. Question de rythme donc.

La deuxième façon, c'est que ce langage mouvementé décrit une progression à travers le monde réel des villes. 

À cet égard, chaque ensemble de poèmes en vers est précédé d'une sorte d'argumentaire en prose et en italique dans lequel le sujet de cette partie du recueil est exposé : celui de la file d'attente devant un guichet, du remplissage de formulaires, du passage devant une caméra de vidéo-surveillance ou un interphone, d'une journée d'un être humain envisagée sous son angle purement qualitatif.

Ainsi, le langage employé dans "Vracquentaire" est mis au service d'un sujet qu'il qualifie avec justesse, sans exagération ni apitoiement, mais avec la certitude d'une absence de liberté. 

Bien sûr, chaque poème est également un ressenti, voire un échappatoire dans la fuite, la seule attitude possible sans dégâts.

Extrait de "Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri :

"dézingue le fracas des pieds sauvent qui peut
jamais s'arrête le grand branle-bas des saccages

mains de tête échafaudent rampe de
   lancement
tirs à vue en clafoutis de bonbec

cours cours

des figures rocambolent leurs équilibres
de joies patraques en bousculade

cours cours au-dessus du réel
à grandes foulées sauvages"

La préface est de James Sacré et l'illustration de première de couverture de Janna Zhiri.

Si vous souhaitez vous procurer "Vracquentaire ou Fracas d'une course en détraque", de Christine Zhiri, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur : http://www.dechargelarevue.com/-La-collection-Polder-.html

mardi 29 octobre 2019

"Dans les landes de Hurle-Lyre", de Murielle Compère-Demarcy



Publié par "Z4 Editions", "Dans les landes de Hurle-Lyre", de Murielle Compère-Demarcy, est un livre atypique, en ce sens qu'il est divisé en plusieurs parties dont les thèmes n'ont a priori rien à voir entre eux. Il en est de même des formes d'écriture, très diverses : amples poèmes en vers libres, poèmes plus courts isolés, aphorismes, proses...

Ainsi, il s'agit tout d'abord d'un hommage rendu tous azimuts à certains auteurs, dont Murielle Compère-Demarcy chérit les œuvres et les personnages : Cendrars, Artaud, mais aussi, par exemple, aux indiens à travers un voyage effectué dans le Montana, appel à l’aventure et surtout au dépassement du quotidien.

Cette dimension internationaliste est complétée, plus que contredite, par sa dimension régionaliste, celle de la Picardie, où vit Murielle Compère-Demarcy, car c'est toujours une histoire de terre et de culture qu'il s'agit de défendre.

Et qui dit terre, dit nature et qui dit nature, dit retour aux saisons, et aux oiseaux qui la traversent, "dans les landes de Hurle-Lyre".

Ainsi, ce livre est un résumé de toutes les préoccupations de la poétesse 

Le lecteur sent très nettement que par le Poème et par l’écriture, l'auteur cherche à créer un appel d'air qui vivifie l'existence. C'est là qu'il faut rechercher la véritable unité du livre.

Par l'écriture en train de se dérouler, par son "En marche", Murielle Compère-Demarcy se fraye un passage dans le monde extérieur - celui-là l'intéresse - le remue, le secoue.

Et avec l'air pour respirer vient la lumière du dehors...

Extrait de "Dans les landes de Hurle-Lyre", de Murielle Compère-Demarcy :

"28 août

Est, jaune
Le ciel coupé en d eux prend sa part de soleil
utilise les éclats de la connaissance
Les sens tournent Grand Tournesol
S'ouvre brèche incandescente les affres de la lumière

Sud, rouge
La force tellurique des fleurs de lactescence
flammes d'iris rayonnant comme des sabres
Leur langue énonce des songes perdus en route
de racines en pollen pour le monde des Esprits,
semant une Voie Lactée nouvelle
revenant par le voyage des Abeilles d'où la vie vient,
où la vie va

Nord, blanc
L'air froid nettoie le charnier natal
Les vents purifient les cerveaux-chacals
Tombent les feuilles mortes, le sol se repose
sous le linceul de Terre-Neige.
Bison avance,
seul,
un homme semblable
défiant la tempête
- Patience, endurance, courage

Ouest, noir
L'Oiseau-Tonnerre
entonne, égrène la pluie
son aile ensemence le soir
où le jour s'éteint,
où la vie prend fin"

L'illustration de la première de couverture, qui représente Blaise Cendrars, est de Jacques Cauda.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Dans les landes de la Hurle-Lyre", de Murielle Compère-Demarcy, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://z4editions.fr/publication/dans-les-landes-de-hurle-lyre/

"Ouvrier Poète Revuiste Une vie", de Jean-Pierre Lesieur


Publiés par "Comme en poésie" (supplément au numéro 76 de la revue de poésie qu'anime Jean-Pierre Lesieur), les deux premiers tomes (près de 400 pages de texte au total) de cette biographie romancée sont résumés par leur titre : "Ouvrier Poète Revuiste".

Il s'agit de l'histoire, grosso modo, des trente premières années de vie de Jean-Pierre Lesieur, né en 1935, qui coïncident, comme chez tout un chacun, avec les années d'apprentissage.

Le titre de ces deux volumes peut être encore un peu plus précisé : premières années avec les parents, école, puis armée, reprise des études, passage du métier de mécanicien en aviation à celui d'instituteur remplaçant, et plus exotique, pour finir, participation à, puis animation d'une première revue de poésie : "Le Puits de l'ermite".

À travers ce passage dans les années cinquante et soixante, époque déjà bien lointaine, le lecteur se rend vite compte que finalement, les choses n'ont pas tellement changé que ça : il faut toujours se frayer une place dans ce monde et ça ne va jamais tout seul.

Par exemple :

"Et bien voilà, tout est pour le mieux dans le meilleur des enseignements, je vais faire une classe que je ne connais pas, dans une école que je ne connais pas, et sans plus de formation professionnelle qu'à la fin de l'année précédente : débrouille toi petit bonhomme."

Comme toujours avec Jean-Pierre Lesieur, le ton est alerte et malicieux.

Le monde des poètes n'a pas non plus beaucoup changé depuis les années soixante : toujours aussi désintéressé, je vous rassure !

Si vous souhaitez vous procurer les deux tomes de "Ouvrier Poète Revuiste Une vie", de Jean-Pierre Lesieur, vendus chacun au prix de 10 €, rendez-vous sur le blog de la revue "Comme en poésie" : http://www.comme.en.poesie.over-blog.com/

lundi 28 octobre 2019

"Le violon pisse derechef sur son powète", d'Éric Dejaeger


Publié par les Éditions Les Carnets du Dessert de Lune, dans sa collection "Pousse-Café", "Le violon pisse derechef sur son powète", d'Éric Dejaeger est le deuxième volet du violon qui pisse sur son powète.

Hé oui, depuis le premier petit tome, les poètes, en général, ont encore frappé avec leur tonne de poèmes. Je suis bien placé pour le savoir, moi qui reçois et lis pas mal de textes, et en vois aussi passer d'autres que je ne lirai jamais. Tout cela dans un cloisonnement la plupart du temps parfaitement réussi. Et ils continuent, pourtant, les poètes !

C'est pour cela qu'ici Éric Dejaeger les appelle des "powètes".

Au moins, en faisant publier ces quelques aphorismes, le lecteur ne pourra pas dire que l'auteur est pris en flagrant délit de contradiction avec ce qu'il dit des powètes, lui-même en étant un.

En effet, le livre compte une dizaine de pages et se compose de 50 phrases environ. Pas de quoi avoir le temps de s'endormir ou d'attraper le mal de crâne !

Extrait de "Le poète pisse derechef sur son powète", quelques aphorismes bien sentis :

"Quand les poètes penseront aux lecteurs plutôt qu'à leur nombril, la poésie s'en portera mieux."

"Contrairement à ses textes, le poète est teigneux."

"Le powète ne peut habiter qu'une maison de la powésie, même insalubre."

"Le powète n'a jamais dit la vérité, il ne doit pas être exécuté."

La première de couverture est illustrée par André Stas, avec "Le poète écorché".

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le violon pisse derechef sur son powète", d'Éric Dejaeger, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.dessertdelune.be/eacuteric-dejaeger.html

dimanche 27 octobre 2019

"Le cercueil à deux places", de Daniel Birnbaum


Publié par les éditions Gros Textes, "Le cercueil à deux places", de Daniel Birnbaum, est une suite de courts poèmes en vers libres, bel ensemble de superpositions de solitudes.

Comme le dit lui-même l'auteur, dans sa préface très pertinente, il s'agit là de poésie du quotidien, dans sa signification la plus forte.

C'est d'autant plus vrai que Daniel Birnbaum décrit la solitude de personnes âgées, la plupart du temps veuves, pour qui le quotidien est répétition de choses insignifiantes, et qui finissent par s'enfermer dans des rituels bizarres, voire inquiétants, préludes d'une perte de conscience, ou tout simplement, manières de meubler le temps.

À travers ces portraits, l'auteur montre, avec un style précis et très clair, son attachement pour ces gens qui sont les vrais héros des apparences, par leur consentement au moindre mal de leur solitude.

Extrait de "Le cercueil à deux places", de Daniel Birnbaum : "Tout est bien en vacances"

Les vagues
toujours trop pressées d'en finir
lui caressent les pieds
elle est heureuse de passer cette semaine
au bord de la mer
tout est bien
la chambre confortable
les repas excellents
bien sûr ce serait encore mieux
si quelqu'un était étendu à côté d'elle
sur ce sable de carte postale
mais au bout d'un moment
il lui dirait que
la clim est trop froide
la viande trop cuite
les rochers trop durs
les mouettes trop criardes
l'avion trop cher
la langue incompréhensible
les coups de soleil trop douloureux
alors elle se dit
que les caresses des vagues sont silencieuses
et que oui vraiment la mer
c'est bien aussi seule
ou peut-être juste avec les mouettes.

L'illustration de couverture, intitulée "Renée", est d'Isabelle Hasegawa.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le cercueil à deux places", de Daniel Birnbaum, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://sites.google.com/site/grostextes/

mercredi 23 octobre 2019

"Sèves et chants d'herbes", de Delphine Roux


Publié par les éditions de "La Chouette imprévue", "Sèves et chants d'herbes", de Delphine Roux est une suite de courts poèmes en vers libres, consacrés à la vie dans la nature.

Je dis bien vie dans la nature, car contrairement  à ce qui se passe souvent dans ce genre de textes, la nature n'est pas ici, statique. Elle est, au contraire, en mouvement constant, comme si elle était observée à la loupe.

Mais il n'y a pas que la nature qui bouge. Même si ce n'est pas pour les travaux des champs, les gens qui vont dans la nature aussi.

Et franchement, si, en lisant ces poèmes, vous n'avez pas envie de vous y perdre en été, voire d'y faire une sieste, c'est que vous ne connaissez pas les ambiances de nos chemins, qui sont plus diversifiées et changeantes que celles d'un centre commercial.

"Sèves et chants d'herbes" de Delphine Roux constitue un joli panorama vivant de nos campagnes, dans toute sa richesse. C'est comme vous y étiez !

Extrait de "Sèves et chants d'herbes" :

L'abreuvoir

Heures filantes

Quitter le logis en gravissant la côte et
Longer la forêt où les loups sont tapis

Déjà les fougères hautes te font signe du corps
Et confectionnent, ô joie, un lit de chlorophylle

Tu attendras l'Unique les pieds dans l'abreuvoir
Vous rêverez ce soir en écoutant les chouettes

Les illustrations (dont celle de première de couverture) sont d'Hélène Heniquez.

Si vous souhaitez vous procurer "Sèves et chants d'herbes" de Delphine Roux, qui est vendu au prix de 14 € rendez-vous sur le site des éditions : http://www.lachouetteimprevue.com/

mardi 15 octobre 2019

"Là", d'Étienne Paulin


C'est la première fois que je chronique le livre d'un poète que j'ai publié dans "Traction-brabant" et qui vient d'être édité chez Gallimard. Comme quoi, tous les chemins mènent à Rome.
Il m'a tout de même fallu attendre 400 chroniques pour que cela arrive. Vous auriez pu aller plus vite, quand même !

Pour un poète récompensé, combien de poètes ignorés pour divers motifs, dont les plus évidents sont qu'ils sont trop nombreux et qu'ils n'ont pas contacté Gallimard !

Bref, passons outre ! Tout cela n'est pas très grave, après tout.

La sûreté de style d'Etienne Paulin ne fait aucun doute. Cependant, "Là" est sans doute son livre le plus dépouillé, et, en même temps, le plus classique à mes yeux, celui dont les combinaisons de mots sont les plus évidentes, même si, dans chaque poème, une image étincelle et même si la part du non-dit reste essentielle.

Mais le non-dit, est-ce ce qu'il faudrait dire ? Non, justement, car la poésie s'y trouve...elle est "là".

"Là", justement, se situe entre entre souvenirs d'enfance, personnification du poème, observations de l'à côté (tout ce qui intéresse un poète normalement constitué) du bonheur, de ces marginalités qui traînent leurs morosités dans l'à peu près.

Extrait de "Là" :

"Mots tombant

un mot suffit
s'il est criblé de nuit
et vient d'un square où se fabrique la fumée

mot assommé
gagnant la suie du ciel et revenant

il faut des négligences
jusqu'à ne plus tenir le vent

les plus grands yeux possible
des oublis comme des cymbales

des fêlures et des fées qu'on emporte
la cabine belle ou non
d'un navire au hasard

avec rien
pas une table pas la conscience
pas de docteur en fond de cale

pas même ce mot : lampe-tempête"

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Là", d'Etienne Paulin, qui est vendu au prix de 10,50 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.gallimard.fr/Contributeurs/Etienne-Paulin

dimanche 13 octobre 2019

"L'ire L'Anselme" de Jean-Marc Couvé



Coédité par Éditinter et À l'Index, "Lire L'Anselme" est un livre-hommage rendu par Jean-Marc Couvé à Jean L'Anselme, à l'occasion du centenaire du poète, décédé en 2011.

Le livre, divisé en six parties, comprend une présentation liminaire, la correspondance échangée entre Jean L'Anselme et Jean-Marc Couvé, soixante sept poèmes de Jean L'Anselme (un pour chaque année d'activité de son auteur), plusieurs entretiens ou chroniques de recueils publiés en revues ou inédits et enfin une bibliographie complète, ainsi qu'une série de photos en couleurs et de fac-similés, situés au milieu du livre.

Levez le doigt ceux qui se souviennent encore de Jean L'Anselme aujourd'hui ! Je ne suis pas certain qu'il y en ait tant que ça, sachant que déjà nous ne sommes guère nombreux à nous intéresser à la poésie.

Et pourtant, celle-là se lit bien.

Jean L'Anselme, influencé par l'Art brut de Jean Dubuffet et Gaston Chaissac, en revient, dans ses poèmes, qu'il qualifie volontiers de "poèmes cons", à des textes peut-être situés au ras des pâquerettes, mais qui parlent au plus grand nombre, mais au non-spécialistes de la poésie.

D'ailleurs, n'importe quel poète sait combien il est difficile d'écrire simplement, et en plus, de faire rire le lecteur avec des jeux de mots laids.

Les poèmes de Jean L'Anselme y parviennent, les doigts dans le nez, si je puis dire.

À cet égard, le lecteur remarquera plus particulièrement leur précision.

Moi qui connaissais déjà ces poèmes, j'y ai découvert des choses pas si marrantes que cela. Derrière les jeux de mots, il y avait un homme qui ne rigolait pas tant que ça.

Extrait de "Lire l'Anselme" :

"CURRICULUM VITAE N°31416 :

Je ne suis jamais du côté du manche
mais toujours du côté des cognés.
Pas du côté matraque
mais avec les coudes relevés.
Pas avec les puissants
mais avec les emmerdés.
Et même, je le dis sans honte
pour le cancer et la tuberculose
tout le monde s'avouant contre.
En politique, c'est la même chose."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Lire L'Anselme", de Jean-Marc Couvé, qui est vendu au prix de 18 €, contact : http://lelivreadire.blogspot.com/2019/10/lire-lanselme-collection-les-cahiers.html

dimanche 6 octobre 2019

"Cinquante vues du Serpentaire", de Julien Boutreux


Publié par Z4 Editions, dans sa collection "La Bleu-Turquin", "Cinquante vues du Serpentaire", de Julien Boutreux propose au lecteur, à travers cinquante proses, une balade dans les galaxies du Serpentaire.

Le narrateur, avec son "je", nous y accompagne d'ailleurs, explorateur, voire acteur, de chacun de ces mondes clos et indépendants de science-fiction.

Ainsi, chacune de ces cinquante proses est un monde à elle seule, monde résumé à travers les caractéristiques de ses habitants, quand il en existe de visibles, et/ou géologiques, climatiques etc.

L'impression qui se dégage de ces proses, poétiques par l'imagination d'autres mondes, est plutôt inquiétante. Même quand la rencontre a lieu entre le narrateur et les autochtones, bien souvent, elle tourne court, comme dans un mauvais rêve. Et le narrateur reprend donc son voyage qui devient errance...

Et si finalement, ces mondes infiniment extérieurs n'étaient que des projections au dedans de soi, qui marquent par leur précision ?

Extrait des "Cinquante vues du Serpentaire", de Julien Boutreux :

"Un monde sans arbres. Sur cette planète, les hommes prennent racine. Parvenus à un certain état de paix intérieure, ils choisissent un lieu qu'ils affectionnent, avec une vue bien dégagée et de larges pans de ciel bleu. Là, ils s'installent pour toujours, debout et immobiles. Des radicules se mettent à pousser sur leurs jambes, à sortir de leurs pieds, s’enfonçant de plus en plus profondément dans le sol. Ils se rigidifient peu à peu en surface, mais l'intérieur reste tendre et vivant des siècles durant. Un jour, tous seront devenus des arbres. Un monde sans hommes."

Les illustrations sont de Jacques Cauda (pour la première de couverture) et de Christophe Lalanne (pour les pages intérieures).

La quatrième de couverture est de Christophe Esnault.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les "Cinquante vues du Serpentaire", de Julien Boutreux, livre vendu au prix de 11 €, contact sur le site de l'éditeur : https://z4editions.fr/publication/cinquante-vues-du-serpentaire/

dimanche 15 septembre 2019

"Le bal des choses immobiles", de Joëlle Pétillot


Publié par les Éditions Alcyone dans sa collection Surya, "Le bal des choses immobiles" (beau titre) est le premier recueil de poèmes édité de Joëlle Pétillot, après plusieurs romans parus par ailleurs.

Il s'agit d'un assez court recueil de poèmes en vers libres, ou plus rarement, de poèmes en prose.

Pour résumer ce livre, je dirai qu'il s'agit d'un livre de poésie aux arêtes vives, entre ombre et lumière, mais avec un très net appel à cette lumière (comme un appel du large), ce qui fait basculer ces poèmes du bon côté des choses.

C'est une poésie de l’extérieur, donc, mais aussi d'images, avec le sens du détail, ou de chaque chose prise au singulier, comme si la nature était un tableau décoré.

Plus sourdement, le passage du temps est évoqué, ce "bal des choses immobiles".

Extrait de "Le bal des choses immobiles", de Joëlle Pétillot :

"Traîne

Il y a fleuve au cœur des paumes
Et de petits automnes roux
Circonscrits
Au dos de la main
Des pas inconnus
Imprimés dans la boue
L'oiseau qui vole droit au bout de son cri
Le presqu'obscur
D'un nuage passeur d'éclair
Un orage de mariée
Tire sa traîne au bout du monde
Vient la pluie serrée
Les gouttes plantées dans l'air
Comme des clous."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le bal des choses immobiles", de Joëlle Pétillot, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site des éditions : http://www.editionsalcyone.fr/

"Du gladiator"

"Du Gladiator"est sous-titré "le Melog-la crécelle noire (fin de partie)", avec une photographie de Lydia Belostyck, en première de couverture.

Il s'agit d'un hommage - semble-t-il rendu par Jehan Van Longhenhowen (son nom n'apparaît qu'à la fin du texte) - à Jimmy Gladiator, poète anarchiste disparu cette année, un personnage de la poésie.

Le style, pas toujours facile à suivre, n'est pas un obstacle à la réalité de l'évocation des années passées avec Jimmy Gladiator. Il rend parfaitement l'ambiance d'une époque que l'on aimerait voir se prolonger dans l'écriture : celle du toujours contre et à l'attaque. Mais difficile...

Ci-après, deux extraits de "Du Gladiator :

"Ouvriers spécialisés de l'Inutile, rudes travailleurs des manufactures de l'imaginaire, saluant au passage l'ami Guillaume nous avions, fidèles à nos principes, une fois de plus erré dans notre beau Paris sans avoir le cœur d'y mourir avant que de nous achever dans quelque rade de ce qui bientôt ne serait plus Saint-Germain-des-Prés, là où aux alentours de l'aube un vague écrivaillon se piquant de poésie qu'après tant d'autres tu avais insulté la veille entreprit de soudain nous traiter de Surréalistes primaires, ce qui en adeptes effrénés de La Confession dédaigneuse ne manquera pas d'aussitôt nous faire éclater d'un immense rire, mais ce rire, outil de prédilection et prescience obstinée de ce rien -dandy qui en transparence toujours apparemment te collera à la peau, oui où était-il donc ce rire..."

"Oh Gladiator qui bien sûr jamais n'aura cessé de bander dans la reine... pourquoi ce soudain déclic lumineux au cadran du téléphone afin de m'apprendre que quelque chose de fort méchant serait en passe de se tramer sous ta voûte crânienne, et à présent voilà que tu t'enfonces, de plus en plus absent, dans ce marécage qui au fil des heures n'en finira plus de t'aspirer... Toi de la tenue en haleine et du style sans faille surtout n'en sors pas, camarade, plus amoindri, plus déconnecté encore que tu le fus ces dernières saisons !"

En l'absence d'indication de prix d'achat et de contact pour se procurer cet opuscule, je m’arrêterai là...

"À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron


Publié par les Éditions Envolume, "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron est un livre composé de proses poétiques.

À première vue, il s'agit d'une visite touristique des différents quartiers de Paris, faite en général à pied.
Mais cette première approche du livre me paraît trompeuse. Car je défie le lecteur d'avoir une idée précise des endroits évoqués, s'il ne les a pas déjà visités auparavant.

D'ailleurs, une partie des textes composant "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron, ne renvoient à aucun endroit connu. 

Si traversée de Paris il y a, cette dernière est totalement subjective. L'ambiance qui s'en dégage n'est pas celle de l’endroit lui-même, mais de la vision que l'auteur y dépose. Si c'est "À nu Paris", c'est plutôt comme on déshabillerait du regard un corps féminin, par exemple.

Ce livre dans lequel le "je", très présent, n'est pas un héros, présente une affinité avec ce que j'ai pu écrire à certains moments, avec toutefois un regard sur le monde plus apaisé.

En tout cas, j'ai bien ri en lisant plusieurs de ces proses, dans lesquelles l'auto-dérision est toujours là. Il y a un brin de surréalisme là-dedans, des raccourcis saisissants, comme on dit.
Le chien du "je" constitue un personnage à part entière. Il y a aussi plusieurs femmes aux terrasses des cafés, dont cette Lola qui accompagne ou n'accompagne plus le narrateur.

La caractéristique principale du style d'Igor Quézel-Perron réside pour moi dans le fait que les phrases qu'il emploie sont courtes et construites simplement (sujet-verbe-complément). Cela donne à ces textes un style pressé (le stress de Paris ?), voire expéditif. Les personnes et les choses sont ainsi finalement renvoyées dos à dos.

Extrait de "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron :

"   Le rideau soulage. La lumière nous dit de partir. On applaudit. Après tout ce qu'on a payé. Les danseurs scrutent la salle et leurs pieds. Ils m'ont fait du mal. Quelqu'un lance un bravo pour qu'on le regarde. Les commentaires descendent le grand escalier. Un homme dit que l'ange noir est une allégorie. Sa femme lui demande où sont les toilettes. J'ai un regard pour celui qui se raclait la gorge. Quelqu'un démonte la prison. Je me demande ce que vont devenir les fleurs de prunier.

   Je m'endors dans le métro. Lola est assise à côté d'un des juges. Elle lit Voici. Le juge fait un pendu sur son smartphone. Il y a du monde. C'est bizarre de se toucher sans se parler. On pense à après. Le juge sort à Pont Marie. Je le suis quai de la Rapée. Je prends un air de cadre moyen quand il se retourne. Je pousse la porte de l'institut médico-légal. Quelqu'un me demande si je connais des morts. Je dis oui en signant le registre. Je fais une faute d'orthographe en écrivant mon nom."

J'ai beaucoup aimé les illustrations, nombreuses, de Louise Hourcade.

La préface de "À nu Paris" est signée de Pierre Josse, qui évoque plusieurs noms d'auteurs en parenté: Jean Rolin, Jacques Réda, Blaise Cendrars, Jean-Paul Clébert. J'y ajouterai peut-être celui d'Yves Martin ?...

Si vous souhaitez en savoir plus sur "À nu Paris", d'Igor Quézel-Perron, qui est vendu au prix de 16,90 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editionsenvolume.com/

mercredi 11 septembre 2019

"À l'heure où les Fauves dorment", de Patricia Suescum


Publié par Citadel Road Éditions, "À l'heure où les Fauves dorment", de Patricia Suescum, est un recueil plutôt singulier, et ce, pour plusieurs raisons.

Qui sont les Fauves (avec majuscules), tout d'abord ? J'avoue que je ne suis pas certain d'avoir trouvé...

Ensuite, j'ai rarement lu autant d'interrogations en un nombre relativement restreint de pages : onze en à peine vingt pages.

On a l'impression que l'auteur a du mal à se situer à l'endroit adéquat de sa projection du monde, tel qu'elle voudrait qu'il soit. Ou bien alors, elle semble douter de sa vision.

Par ailleurs, le vocabulaire employé dans ces poèmes a une tendance à l'abstraction. D'où mon interrogation sur les Fauves, terme lui-même employé dans un sens qui ne doit pas être littéral.

Le vocabulaire sert à exprimer la révolte, ou plutôt le désir d'un autre monde, plus juste. Il ne s'agit pas d'une révolte désespérée.

Le rythme de ces poèmes renvoie d'ailleurs le lecteur aux vagues de l'océan, tant l'environnement extérieur, tel qu'il est, cette fois-ci, est intimidant et agité.

En résumé, "À l'heure où les Fauves dorment", de Patricia Suescum donne à lire une écriture chaleureuse, quelque chose d'irrésolu, mais qui ne perd pas espoir.

Extrait de "À l'heure où les Fauves dorment", de Patricia Suescum :

"Guetter les vrais échanges,
la fraternité de la réflexion,
l'équité du regard,
l'élévation jumelle

La dissociation,
les apparences multiples
n'engendrent pas plusieurs
vérités mais décalent l'angle
du discernement

Ta peau vaut-elle plus que la mienne,
existe-t-il une valeur contre la chute ?
Existe-t-il un rempart contre l'erreur ?
Et crois-tu vraiment
que je ne vais pas en rire ?

(L'attribut nuisible
à la clairvoyance)."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "À l'heure où les Fauves dorment", de Patricia Suescum, qui est vendu au prix de 9 €, contact : citadelroad@gmail.com

dimanche 8 septembre 2019

"Ce n'est rien", de Daniel Ziv


Publié par Z4 Editions, "Ce n'est rien", de Daniel Ziv, est un drôle de récit pas forcément très drôle, mais dont j'ai apprécié l'ambiance décalée. Cette façon de dire que les pires désastres individuels (la maladie et la mort, tout simplement), ou collectifs (épidémie) ne sont rien, justement.

En effet, ce trait d'humour noir s'explique par le fait que le principal personnage de ce livre est le temps et qu'il en a vu bien d'autres, d'où sa tendance à la métaphysique !

Du coup, les autres personnages - des êtres humains - qui apparaissent, disparaissent et réapparaissent au fil des pages, ne sont que des fantoches, même s'ils ne sont pas antipathiques.

Il faut dire aussi que le temps se joue de l'ordonnance chronologique de ce récit, en manipulant les chapitres et parties du livre à sa guise.

Extrait de "Ce n'est rien", de Daniel Ziv (début du sixième chapitre de la première partie) :

"Aujourd'hui, demain. Tout donne l'impression d'évoluer. Toujours vivant, peut-être, alors, continuer à écrire.
Elle raconte qu’au moment de mourir on voit défiler ta vie. Ce n'est qu'un cliché, en revivant toute la vie on en arriverait au moment de ta mort et on revivrait à nouveau toute ta vie à l'infini. Ça ne permettrait guère d'avancer et qu'en serait-il des bébés - ça serait vite bien ennuyeux pour eux. Faites comme s'il paraissait car une chose est possible, c'est que ta mort soit déterminée par la vie passée. Passé comme une soupe trop claire dans les mauvais jours."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Ce n'est rien", de Daniel Ziv, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site des éditions : https://z4editions.fr/publication/ce-nest-rien/

"Une visite au D.15", de Pascal Ulrich

Publié par les Éditions Le Contentieux, "Une visite au D.15", de Pascal Ulrich, est sous-titré "L’hôpital des malades imaginaires".

Il s'agit d'un journal de bord poétique, écrit lors d'un passage à l'hôpital psychiatrique d'Erstein, près de Strasbourg, en 2006-2007.

Les poèmes qui composent ce recueil sont sobrement lucides, ils sont parcourus par des énumérations, et se situent finalement presqu'au bord du silence.

On le sait depuis, c'était presque le bout du chemin pour Pascal Ulrich, qui est décédé deux ans après avoir écrit ce texte.

Extrait de "Une visite au D.15", de Pascal Ulrich :

"Dans un bureau
devant moi
j'ai un paquet de viande
sans âme
et muni d'un doctorat
et d'un pouvoir
après tout très limité
car le vrai pouvoir
est ailleurs
et voilà tout
et pas chercher à comprendre
mais comprendre puis chercher
et voilà tout !
Il me demande d'aller droit
de penser moins...
Il me ferait presque rire
mais il est dangereux
minablement dangereux"

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Une visite au D.15 (l'hôpital des malades imaginaires)", de Pascal Ulrich,  qui est vendu au prix de 5 €, rendez-vous sur le blog de l'éditeur: https://lecontentieux.blogspot.com/

dimanche 1 septembre 2019

"La cendre de nos jours", de Georges Cathalo



Publié comme supplément à la revue "À L'index", dans la collection "Les Plaquettes", "La cendre de nos jours", de Georges Cathalo est un recueil de poèmes en vers libres, consacré aux mensonges d'une pensée que l'on peut qualifier de libérale, en même temps qu'au vocabulaire à la mode : "neutrino", par exemple.

Le titre de chaque poème amène sa thématique, le ton employé variant entre la dénonciation et l'ironie.

J'ai apprécié la lecture de ces poèmes pour leur bon sens terrien, pour leur côté "arrêtez de nous faire prendre des vessies pour des lanternes". Il y a là dedans une logique que l'on n'aimerait partagée par plus de personnes que l'extrême majorité d'entre elles.

Cette même qualité se retrouve d'ailleurs dans le style des poèmes, sobre et direct. De ces poèmes, on peut dire qu'ils ont les pieds sur terre.

Extrait de "La cendre de nos jours", de Georges Cathalo, "Devant" :

t"u crois t’échapper
loin devant tout le monde
mais autour de toi
le décor est en trompe-l’œil

si tu t'arrêtes tu verras
ce que tu ne savais plus voir

pas plus ce qui est ici
que ce qui est plus loin
pas plus le proche que le lointain

tu te crois toujours devant
alors que tu fais du surplace."

L'ensemble des poèmes est accompagné de cinq collages de Marie-Claude Cathalo.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "La cendre de nos jours", de Georges Cathalo, qui est vendu au prix de 12 €, contact : http://lelivreadire.blogspot.com et http://poesiealindex.blogspot.com

mercredi 21 août 2019

"Ourlets II", de Clara Regy


Publié par les Éditions Lanskine, "Ourlets II" (où est passé "Ourlets I", dont il n'est pas questions dans la notice biobibliographique ?), est une évocation de la maison familiale de l'auteur, située près de la Loire.

S'agit-il vraiment d'une évocation de la maison familiale, ou de celui qui y habite, le père de l'auteur ? C'est que les deux sont plutôt indissociables, surtout lorsque cette personne vit plutôt à la campagne.
D'ailleurs, l'importance de la campagne se voit ici à la place occupée par le jardin qui déborde presque à l'intérieur de la maison.

Très clairement, "Ourlets II" est divisé en deux volets complémentaires. Est-ce à dire qu'il s'agit d'un livre écrit à deux voix ? 
En tout cas, la mise en page des textes (en vers centrés) laisserait à penser que ce sont tous des poèmes...
Or, la page de gauche est, la plupart du temps, occupée par des notations (peu importe qu'elles soient écrites par Clara Regy ou son père) sur les choses faites au quotidien, ces petites occupations manuelles qui occupent une vie tranquille, avec la poésie du jardin, toujours.

La page de droite, quant à elle, est occupée par des "vrais" poèmes, dans lesquels s'exprime en contraste - d'où leur statut de poème - la sensibilité du poète, quant au passage du temps, face à l'importance des souvenirs, et à la modification des rapports ressentis entre père et fille.
Si la pudeur s'en va, la vérité apparaît plus nette. Pourvu que ça dure "encore", un adverbe qui résume à lui seul la fragilité d'un rapport familial, aussi étroit soit-il...

Extrait de "Ourlets II", de Clara Regy :

"dans le tiroir secret
chapelets et scapulaires
images pieuses

gonflant des enveloppes
sans couleur
des photos classées
par taille
toi aussi tu grandissais

t'éloignais
de ces femmes
- religieuses -
trop aimées
mal aimées
quels vœux
dans ces amulettes
- te garder -
dans la naissance de ton corps
d'homme
vivant"

L'illustration de couverture est un tableau de Dorian Cohen.

Pour en savoir plus sur "Ourlets II", de Clara Regy, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur Lanskine : https://www.editions-lanskine.fr

"Animots", de Jacques Cauda


Publié par les Éditions Chats de Mars, "Animots" de Jacques Cauda, est un bestiaire illustré par les encres de l'auteur, en personne, avec en regard, à chaque fois, de courts poèmes en prose.

Ici, le texte a l'air de partir de l’image, tant l'évocation par les mots de ces animaux, est elle-même imagée.

D'emblée, il convient d'observer que ce bestiaire est consacré autant à des animaux sauvages (ours) qu'à des animaux domestiques (chat) ou disparus (dinosaure).
Mais, à chaque fois, c'est comme si l'animal était resté sauvage, tant il se déploie dans l'action.
L'animal est ici un guerrier qui se déplace avec toute son énergie, comme avant l'apparition de l'homme.
Et s'il est prisonnier malgré tout de quelque chose, ce serait plutôt des pages entre lesquelles son image est enfermée. 
D'où peut-être, ce terme d'animots.

Il est à noter également que chaque poème en prose ne porte jamais en titre le nom de l'animal dont il est question. Une autre manière de ne pas s'adonner à la facilité d'évocation vis à vis de celui que l'homme aime d'ordinaire plutôt dominer.

Extrait de "Animots", "Boxeur", de Jacques Cauda :

"Le papillon déflore la lumière. Il cogne l’ampoule comme un boxer ivre de coups. Lui importe-t-il d'appréhender la nuit par l'imagination ? Ou préfère t-il la détailler en traçant tout aile dehors des volutes, des nœuds, des quadrillages, des hachures ? Des pointillés qu'il sème afin de faire grandir le noir ?"

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Animots", de Jacques Cauda, qui est vendu au prix de 5 € port compris, rendez-vous sur le site des Éditions : http://chatsdemars.simplesite.com/

dimanche 28 juillet 2019

"Et bien sûr j'ai pas de parapluie", de Salvatore Sanfilippo


Dans "Et bien sûr j'ai pas de parapluie", de Salvatore Sanfilippo, deuxième recueil de l'auteur publié par les Éditions Gros Textes, je reconnais plusieurs poèmes. C'est normal : ils ont été publiés dans "Traction-brabant" auparavant.

Salvatore est un habitué de longue date du poézine.

Et à chaque fois, c'est pareil : le lecteur se laisse emporter facilement par ses poèmes, en apparence, sans prétention, si ce n'est (c'est déjà pas mal) celle de nous faire rire. 

Dans ce recueil, il est question de poésie (bien sûr), d'amour (bien sûr) et même de lancer de marteau, dans la série des poèmes sur le sport (un peu de sport, mais pas trop quand même) publiés en fin de volume.

Alors, du coup, le lecteur est tout surpris de découvrir, au détour des pages, un poème soudain sérieux et qui épuise son sujet (c'est le cas de le dire), comme celui-ci :

"ADIEU PATRON

Adieu patron
À partir de demain
Je viens plus bosser
Je veux plus faire ce boulot
Qui me rend barjot
Je veux plus être exploité
Plus être traité
Comme un pantin
Un moins que rien
Je veux plus t'enrichir
Toi et tes actionnaires
Qui gagnez du fric sur mon dos
Pendant que je me tue au turbin
J'ai accumulé un petit pécule
Avec le peu d'argent
Que tu as consenti à me donner
C'est suffisant
Pour bouffer une salade
Et un plat de pâtes
J'ai envie de profiter du soleil
Et des moineaux
Qui viennent chanter
Sur le bord de ma fenêtre
J'ai envie
De voir grandir mes p'tiots
Adieu patron
Je me lèverai plus
À trois heures du mat
Pour venir bosser
Dans ton usine mal chauffée
Je veux plus bouffer
De la poussière
Et des produits toxiques
Qui me bousillent les poumons
Je veux plus entendre
Le bruit assourdissant des machines
Qui m'ont rendu sourdingue
Je veux du calme et du silence
Pour chasser le bourdon
Qui me trotte dans la caboche
Adieu patron
Je veux plus de ton usine
C'est une vraie prison
Ma vie est précieuse
Autant que la tienne
Une petite voix
Me dit que la vie
C'est autre chose
Que de passer ses journées
À marner comme une brute
De se tuer à la tâche
Et de finir
Usé
Cassé 
Épuisé"

Je souligne également l'existence d'un autre poème qui s'appelle "La femme de ma vie" (trop long pour être reproduit ici), qui m'a intéressé pour sa construction, la richesse de son scénario ...

Les illustrations de Chrisal (dont celle de la couverture) sont nombreuses (une dizaine pour 90 pages au total, pas si courant dans un recueil de poésie).

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Et bien sûr j'ai pas de parapluie", de Salvatore Sanfilippo, qui est vendu au prix de 8 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://grostextes.fr/

lundi 22 juillet 2019

"Une étoile entre les dents", de Gaël Guillarme


Publié par les Éditions Prem-edit, "Une étoile entre les dents" est un beau deuxième recueil que nous offre là Gaël Guillarme, Et s'il vous plait, parfois écrit en vers rimés !

Ce livre est difficile à résumer. Recueil résolument lyrique, d'inspiration pastorale, à aucun moment, cependant, les poèmes qui le composent ne sombrent dans la mièvrerie.

Et ces poèmes passent légèrement à la lecture, sans que les rimes paraissent appuyées, comme la plupart du temps quand on lit ce genre de textes. La preuve en est : le lecteur a tendance à ne pas remarquer quand il passe des poèmes rimés à ceux en vers libres. Et à l'inverse, les poèmes en vers libres ont l'air d'être des poèmes rimés. C'est une question de rythme musical naturel qui ne quitte pas ces mots.

Cependant, le mot qui revient le plus longtemps et qui se remarque, lui, est "enfance" ou "enfant".
Résumé d'une première partie de la vie intérieure de l'auteur, l'amour aussi est là. Et la nature très douce, toujours présente dans ces textes, peut également devenir très sombre, d'un vers à l'autre.
Le trait d'union qui unit les poèmes de "Une étoile entre les dents" me semble donc être le regret de l'innocence.

Extrait de "Une étoile entre les dents", de Gaël Guillarme :

"Apostille à la mélancolie

Le ciel n'est bleu que par manque d'amour
et la rose n'est rose que dans l'oubli des yeux
L'hiver révèle son nid tissé de sève tarie
C'est toujours à cet endroit que l'on s'est aimé
Les nuages se défont lentement dans nos mains
et nous suivons longtemps notre visage au loin
À la fin du jour debout devant l'horizon
nous restons sans nouvelles de nous-mêmes
La clairière seule immobile est la première
à savoir que le monde glisse vers la nuit
Il fait si froid qu'en parlant l'on pleure
cependant que tout prend le goût uniforme
qu'ont les choses quand on a les yeux crevés"

L'illustration de couverture est de Sophie Jaffro.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Une étoile entre les dents", de Gaël Guillarme, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur, http://www.prem-edit.com/

dimanche 21 juillet 2019

"Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot


Publié par les Éditions du Cygne, dans sa collection "Le chant du cygne", "Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot, est un recueil de proses poétiques, dont les trois parties voient leur titre inclus dans le titre général du livre : "Une brèche (2e partie), dans la tapisserie (3e partie) des ombres (1ère partie)".

Bien que je n'ai pas, jusqu'à présent, si ma mémoire est bonne, lu de poèmes en prose de Pascal Perrot, mais des poèmes en vers libres, j'y retrouve ici ce qui nourrit son écriture, une révolte viscérale contre le monde tel qu'il est - dans les villes du moins, il est vrai, largement déshumanisé.

La caractéristique principale de ces textes est de n'offrir guère de respiration, tant leur souffle est, non seulement puissant, mais souffle en continu. L'avantage de cette écriture est de montrer l'épaisseur du monde dans lequel nous vivons (notamment avec les couches d'Internet), la difficulté de s'y frayer un chemin, pour y trouver une vérité qui nous ressemblerait, qui nous conviendrait, en tant qu'individus libres. 

C'est la difficulté pour un homme de penser dans un univers qui ne laisse guère de temps pour cela.

Pascal Perrot restitue bien la complexité de nos décors de vie qui vont jusqu'à nous engloutir, en ayant parfois recours, à un surréalisme d'images.

Cependant, le ton de ces textes est acquis à la lucidité, plutôt qu'au désespoir. Il y a là-dedans quelque chose de solide, comme un éclat de rire de bon-sens, qui, au besoin, désamorce les fantômes de la modernité que nous ne savons pas par quel bout prendre.

Extrait de "Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot :

"L'essentiel

J'ai répudié la nostalgie qui collait sa chair à la mienne cognait ses os contre mes os avec des façons de ventouse et une haleine de cadavre j'ai refusé la pourriture de ces hosties décomposées que l'on élève au rand de saintes et ne sont que putrescents passés et ces valises remplies de plaies que l'on traîne de gare en gare sans s'interroger plus avant sur l'état de leurs contenus je les ai laissées sur le quai volontairement oublié lequel les prenne qui le désire qui n'a pas son quota d'auto-flagellation

se murer dans l'hier se laisser inonder par ses pluies corrosives est incapacité à repenser la forme à retrouver en géomètre les périphéries du désir paresse d'apprenti-vivant qui renâcle au prix du savoir au poids d'incendies dont il faut parfois payer la connaissance l'âpre et rude leçon de soi l'humiliante étude des charniers des immondices qui vous peuplent j'ai ouvert portes et fenêtres aux imprévisibles futurs dont le vent écorce la peau précipite les destins dans l'avalanche des visages équarris et ramenés à l'essentiel."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Une brèche dans la tapisserie des ombres", de Pascal Perrot, qui est vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur le site des éditions du Cygne : http://www.editionsducygne.com

mardi 2 juillet 2019

"Mots", de Philippe Jaffeux


Publié par les Éditions Lanskine, "Mots", de Philippe Jaffeux, est un livre sur les livres de son auteur.

La caractéristique principale de "Mots" est qu'il s'agit à la fois d'un livre théorique et pratique.

Je suis l'un de celles et ceux qui pensent que Philippe Jaffeux a trouvé quelque chose de nouveau en écrivant, au-delà de son propre style, ce qui est assez rare pour être signalé.

Alors, bien sûr, ses textes ne sont pas faciles à lire, mais ils ne sont pas faits pour cela. Ils sont expérimentaux, se veulent une déconstruction de la pensée habituelle, celle qui s'impose, exigeant, par exemple, cause puis conséquence, ordre dans les idées etc...

À ce schéma d'écriture classique, Philippe Jaffeux substitue un temps circulaire, dans lequel la causalité est remplacée par l'aléatoire, l'instantanéité.

Bien que n'ayant pas pénétré toutes les richesses de cette oeuvre, et tout particulièrement celles d'"Alphabet", je me retrouve dans la plupart des mots qui servent d'entrée pour lire ces textes si étranges, que constituent "Alphabet", mais également "Courants" et "Deux".

Ces mots qui me semble résumer l'oeuvre de Philippe Jaffeux sont les suivants : "hasart", "jeu", "spiritualité" (inspiration évidente du taoïsme), "image", "numérique", "musique", "cinéma", "rêve", "nombres", "mouvement", "expérimental".

Et parmi ces mots, je ressens tout particulièrement ceux-ci : "spiritualité", "image", "numérique", "rêve", "mouvement", "expérimental".

En effet, à mes yeux, Philippe Jaffeux est parvenu à créer des images d'une richesse inouïe (vu le nombre de combinaisons possible dans l'aléatoire), par la musique des mots, la vitesse de la pensée, exprimée à l'aide d'un ordinateur (ou d'un dictaphone).

Il a ainsi, créé un monde unique, qui se passe de la gaieté ou de la tristesse, et abolit les oppositions ordinaires, par exemple entre technologie et lyrisme, un lieu commun en poésie, hélas.

Je recommande tout particulièrement "Mots", de Philippe Jaffeux, à qui souhaite ensuite se familiariser avec les autres textes de l'auteur : en enchaînant les propositions théoriques, sans interruption autres que les têtes de chapitres, ce livre est un texte de création, et, en même temps, il donne les éléments clés qui permettent de mieux comprendre cette oeuvre pas ordinaire du tout.

Extrait de "Mots", de Philippe Jaffeux, le tout début du livre :

"Enfance

   L'acte d'écrire accompagne, dans le meilleur des cas, l'état d'un enfant qui s'abandonne et s'ouvre au temps présent. Tout devient possible avec l'enfant qui n'a pas d'histoire ni de mémoire et fait donc fi des traditions ou des conventions. L'enfant ne se soucie ni de l'avenir ni du passé et, s'il est aussi un comédien, il n'est néanmoins pas soumis à la malignité ni au calcul parce qu'il fait tout pour la première fois. (...)"

Si vous souhaitez vous procurer "Mots", de Philippe Jaffeux, qui est vendu au prix de 20 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.editions-lanskine.fr/

Journal, de Jan Bardeau


Publié par les Éditions Urtica, le "Journal", de Jan Bardeau couvre un temps assez court. En effet, si l'on se fie aux dates, il débute le 4 août 2018 et s'achève le 28 avril 2019. 

C'est un drôle de texte, composite, qui, s'il décrit les états d'âme de son auteur, évolue au fil du temps, et ne s'attache pas toujours ou directement à la vie quotidienne.

Au début, c'est plutôt très philosophique (et donc j'ai du mal à suivre), mais très vite, au fur et à mesure des pages, la description de la lutte des classes prend le dessus, et là, du coup, je comprends tout.

Cette lutte des classes qui s'exprime semble, tout d'abord, tirée de la vie de l'auteur. Puis, comme si Jan Bardeau se rendait compte de l'inanité d'une critique sociale aujourd'hui (à peu près systématiquement étouffée par les médias), il la déplace de plus en plus dans un pays de science-fiction, en avant ou en arrière sur notre présent.

Et finalement, le livre s'achève sur plusieurs évocations printanières.

Quoi qu'il en soit, ce livre porte la marque du style de Jan Bardeau.

Un côté distingué et un autre foutraque, voire barbare, à la fois. Une façon très imagée de décrire la marginalité, avec beaucoup d'humour, mais sans illusions. Parfois, même, les histoires se finissent très bien, comme si tout cela - ces malheurs et déceptions - n'était pas très important, au regard de la totale absurdité de l'existence.

Extrait du Journal de Jan Bardeau :

"19 janvier 2019

Dans les séries télévisées, quand une importante pollution touche les populations civiles, immédiatement, les autorités, composées pour l'essentiel d'hommes et de femmes valeureux et intègres, installent un dispositif considérable afin de sauver le plus grand nombre de vies humaines. Lorsque les cuves de l'usine qui bordent notre commune de Hareng-sur-Atout furent déversées dans la Coulpe, la rivière qui serpentait doucettement au travers de nos champs par suite de la fermeture soudaine de l'entreprise et de la fuite de ses dirigeants, personne ne réagit. Un liquide vert, légèrement fluorescent, qui se révéla, bien après, contenir de très fortes teneurs en rosbiphate de berruyonium, se répandit, se diluant progressivement jusqu'à la Lie, dont la Coulpe formait l'un des affluents. Vitement, nous constatâmes notre intoxication par le produit : nous languissions, nous n'imaginions plus que de flâner, de rallonger et multiplier les libations, les querelles, entre nous Harengeois, dont le souvenir des causes dépassait souventement les possibilités de la mémoire, s'apaisèrent. Nous nous invitions mutuellement, nous bourrions d'accolades en guises de claques, et les poutous baveux remplaçaient dans les bouches les mots fielleux. Lorsque l'administration sanitaire envoya un expert sur place, celui-ci se borna à constater l'ampleur des torts causés et recommanda à la hiérarchie de circonscrire les lieux, empêcher toute divulgation dans les médias de la situation, couvrir le tout d'un couvercle bien étanche et oublier l'histoire, ce qui, apparemment, constitue la procédure habituelle en pareil cas. Rarement autant, l'indifférence des puissances ne nous bénéficie."

La photo de couverture est de Jan Bardeau.

Si vous souhaitez vous procurer "Journal", de Jan Bardeau, qui est vendu au prix de 8 € (hors frais de port), rendez-vous sur le blog de l'éditeur : http://urticalitblog.blogspot.com/