mercredi 21 août 2019

"Ourlets II", de Clara Regy


Publié par les Éditions Lanskine, "Ourlets II" (où est passé "Ourlets I", dont il n'est pas questions dans la notice biobibliographique ?), est une évocation de la maison familiale de l'auteur, située près de la Loire.

S'agit-il vraiment d'une évocation de la maison familiale, ou de celui qui y habite, le père de l'auteur ? C'est que les deux sont plutôt indissociables, surtout lorsque cette personne vit plutôt à la campagne.
D'ailleurs, l'importance de la campagne se voit ici à la place occupée par le jardin qui déborde presque à l'intérieur de la maison.

Très clairement, "Ourlets II" est divisé en deux volets complémentaires. Est-ce à dire qu'il s'agit d'un livre écrit à deux voix ? 
En tout cas, la mise en page des textes (en vers centrés) laisserait à penser que ce sont tous des poèmes...
Or, la page de gauche est, la plupart du temps, occupée par des notations (peu importe qu'elles soient écrites par Clara Regy ou son père) sur les choses faites au quotidien, ces petites occupations manuelles qui occupent une vie tranquille, avec la poésie du jardin, toujours.

La page de droite, quant à elle, est occupée par des "vrais" poèmes, dans lesquels s'exprime en contraste - d'où leur statut de poème - la sensibilité du poète, quant au passage du temps, face à l'importance des souvenirs, et à la modification des rapports ressentis entre père et fille.
Si la pudeur s'en va, la vérité apparaît plus nette. Pourvu que ça dure "encore", un adverbe qui résume à lui seul la fragilité d'un rapport familial, aussi étroit soit-il...

Extrait de "Ourlets II", de Clara Regy :

"dans le tiroir secret
chapelets et scapulaires
images pieuses

gonflant des enveloppes
sans couleur
des photos classées
par taille
toi aussi tu grandissais

t'éloignais
de ces femmes
- religieuses -
trop aimées
mal aimées
quels vœux
dans ces amulettes
- te garder -
dans la naissance de ton corps
d'homme
vivant"

L'illustration de couverture est un tableau de Dorian Cohen.

Pour en savoir plus sur "Ourlets II", de Clara Regy, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur Lanskine : https://www.editions-lanskine.fr

"Animots", de Jacques Cauda


Publié par les Éditions Chats de Mars, "Animots" de Jacques Cauda, est un bestiaire illustré par les encres de l'auteur, en personne, avec en regard, à chaque fois, de courts poèmes en prose.

Ici, le texte a l'air de partir de l’image, tant l'évocation par les mots de ces animaux, est elle-même imagée.

D'emblée, il convient d'observer que ce bestiaire est consacré autant à des animaux sauvages (ours) qu'à des animaux domestiques (chat) ou disparus (dinosaure).
Mais, à chaque fois, c'est comme si l'animal était resté sauvage, tant il se déploie dans l'action.
L'animal est ici un guerrier qui se déplace avec toute son énergie, comme avant l'apparition de l'homme.
Et s'il est prisonnier malgré tout de quelque chose, ce serait plutôt des pages entre lesquelles son image est enfermée. 
D'où peut-être, ce terme d'animots.

Il est à noter également que chaque poème en prose ne porte jamais en titre le nom de l'animal dont il est question. Une autre manière de ne pas s'adonner à la facilité d'évocation vis à vis de celui que l'homme aime d'ordinaire plutôt dominer.

Extrait de "Animots", "Boxeur", de Jacques Cauda :

"Le papillon déflore la lumière. Il cogne l’ampoule comme un boxer ivre de coups. Lui importe-t-il d'appréhender la nuit par l'imagination ? Ou préfère t-il la détailler en traçant tout aile dehors des volutes, des nœuds, des quadrillages, des hachures ? Des pointillés qu'il sème afin de faire grandir le noir ?"

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Animots", de Jacques Cauda, qui est vendu au prix de 5 € port compris, rendez-vous sur le site des Éditions : http://chatsdemars.simplesite.com/