mercredi 10 juin 2020

"Trombines", de François-Xavier Farine




Publié par les Éditions Gros Textes, "Trombines", de François-Xavier Farine, est une galerie de portraits, que chacun d'entre nous, s'il est doué de sens d'observation, a pu rencontrer au quotidien. Cependant, il suffit et il faut avoir un regard de poète attentif et malicieux pour les retenir.

Et voici donc cette série de "Trombines". Des portraits variés de personnes issues de milieux socio-professionnels différents, mais modestes, et ordinaires en apparence.
Dans ces proses, poétiques par les situations qu'elles décrivent, prises sur le vif, je vois de la justesse et aussi de la tendresse. J'y reconnais également des souvenirs de ma jeunesse, lorsque j'aimais observer le même genre de personnes.
Ainsi, ce recueil peut donc "parler" à tout un chacun, en toute simplicité.

Extrait de "Trombines", de François-Xavier Farine : "La caissière du supermarché" :

   Elle passe les marchandises sur le tapis roulant devant elle, son cœur, à force, doit ressembler à un code-barres qui bipe à chaque fois qu'on la touche. On remarque vite ses longs ongles fardés, sa bouche au large sourire, fendue d'un rouge à lèvres outrageant. Elle essaye de rester naturelle, or, ses jambes trépignent sous la caisse enregistreuse. Ses chevaux noués lui donnent toutefois un air strict.
    Elle aimerait vous parler de la pluie et du beau temps, mais un client pressé souffle en tempêtant "que ça ne va pas assez vite !"
    Alors esquissant un sourire désappointé, elle vous caresse la main, en vous rendant la monnaie. Car tous les jours, seul, le tapis l'emmène vers son destin mécanique...

L'illustration de la première de couverture est de Benoît Delbroucq.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Trombines", de François-Xavier Farine, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://grostextes.fr/publication/trombines/

"Ballade de 1 ou le compte est bon", de Didier Trumeau




Publié par les Éditions Gros Textes, "Ballade de 1 ou le compte est bon", de Didier Trumeau, est un texte ancien, qui est "paru au milieu des années 80 en feuilleton plus ou moins mensuel dans la revue indépendante L'Echo and Co", comme indiqué en fin de volume.

En lisant "Ballade de 1 ou le compte est bon", j'ai été saisi par l'inventivité de ce feuilleton complètement foutraque, qui s'étend sur cent pages et est parcouru de jeux de mots, mais pas que. Bref, ce texte est poétique par nature.
Il y est question de tout, et surtout de la fin du monde pour tout le monde.
La principale particularité de "Ballade de 1 ou le compte est bon" est que, la plupart du temps, ces personnages sont des chiffres. 
Ainsi, l'histoire démarre avec le numéro 1, et, à chaque nouveau numéro, correspond une nouvelle histoire.

Ce qui est drôle, surtout, c'est qu'au début, la progression des numéros est croissante. Et puis peu à peu s'installe l'anarchie. C'est le mélange complet des nombres.

Ce qui est moins drôle, c'est que cette histoire de fin de monde est de moins en moins drôle, au fur et à mesure des pages. Le lecteur y découvre une préoccupation, d'ailleurs constante, dans les textes de Didier Trumeau. Celle du temps qui passe, et du temps qui se décompte.

Et quand l'échéance approche, il n'y a plus du tout de numéros de personnages et voilà ce qu'on peut lire :

"Les regards sont tournés, qui vers le ciel, qui vers la terre, qui vers les points cardinaux indéfinissables, les dieux magnétisant l'attention pour saisir l'ultime millième de seconde ou cessera ce qui est perceptible, concret et même simplement concevable. D'autres ferment les yeux ou, portent des lunettes de soleil malgré le fait que la lumière qui règne partout sur Terre est douce, que le soleil est directement éteint pour ne pas distraire la vigilance du public. Certains ferment leurs oreilles pour éviter le vacarme infernal que fera la cessation de toute activité. Personne ne fait comme personne et il est intéressant de constater qu'une espèce qui a tout fait pour s'uniformiser, s'unir ou se rassembler, soit maintenant aussi disparate, aussi dissemblable, comme si l’unicité de chacun apparaissait enfin révélée par l'imparable implacable. Comme si les tripes, le cœur, le cerveau de l'homme n'étaient plus cachés par le rideau de la peau, des muscles, de la chair."

L'illustration de la première de couverture est un collage de l'auteur.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Ballade de un ou le compte est bon", de Didier Trumeau, qui est vendu au prix de 7 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://grostextes.fr/publication/ballade-de-1-ou-le-compte-est-bon/

vendredi 5 juin 2020

"Menthes- Friches", de Barbara Auzou



Publié par les éditions 5 Sens, "Menthes-Friches", de Barbara Auzou, est son deuxième recueil édité, après "L'Époque 2018".

Le lecteur retrouve, dans ce nouveau livre, les caractéristiques apparentes du style de leur auteur : ce lyrisme floral et végétal, avec la couleur bleue qui l'emporte ici.

Mais plus particulièrement, il y a, dans "menthes-Friches", la recherche du lieu idéal de l'enfance, à la fois, celui vers lequel on tend à retourner, et celui depuis lequel on écrit. 

Et si le lien qui unit l'enfance au jardin semble constituer le paradis perdu, ce dernier existe-t-il seulement ? A-t-il jamais existé, cet idéal ?

Rien n'est moins sûr, car les souvenirs désagréables peuvent aussi venir de l'enfance.

Extrait de "Menthes-Friches", de Barbara Auzou :

"Où ?

Si tu m'attendais quelque part
serait-ce à la pierre de l'enfance pétrifiée
dans les dimanches d'octobre embarqués
dans une lumière qui se fait verre au poignet
ou rebrousserais-tu le sens du manège
sur un cheval de bois mal peigné ?
Te tiendrais-tu dans les fossettes de la distance
dans le nid ancien du pot aux roses
ou dans le soupir d'une saison mort-né au papier à fleurs
pour pan par pan l'arracher de tes mains ?
Serait-ce au seuil d'une cuisine, coincé
entre la confiture et la faim, la fièvre et le feu ?
Ou m'attendrais-tu à la minuterie morne du temps
pour m'enlever à l'autre moitié du monde enfin
et à la faveur d'une phrase péremptoire prononcée
bouche close ?
M'attendrais-tu endormie ou pâmée dans l’ellipse ou la
plainte
dans des pleurs pour te plaire ou posée rose dans un
ciel rare ?
Si tu m'attendais quelque part 
serait-ce au silence de mes statues, mutique au marbre
de mes vers
ou confondu dans le mètre du ruban qui nous toise ?"

L'illustration de couverture est de Niala.

Si vous souhaitez vous procurer "Menthes-Friches", de Barbara Auzou, qui est vendu au prix de 12,80 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/poesiereflexionpamphlet/345-menthes-friches.html