lundi 25 février 2019

"L'ébauche", de Stéphane Branger


Édité par l'auteur, dans une collection dénommée Iskra, "L'ébauche", de Stéphane Branger regroupe plusieurs poèmes en vers libres, qui ne semblent pas consacrés à un thème en particulier.

Sauf que le recueil balaye plusieurs sujets, comme les souvenirs, l'autre (toi), les mots, une promenade en ville, à l'extérieur...

Cependant, tous ces poèmes sont traversés par un même style, un même ton, plutôt neutre, et qui fait remonter à la surface la vacance qui se glisse entre toutes les choses évoquées.

Et c'est bien le thème principal de "L'ébauche" : celui de la vacance, nouveau spleen du XXIe siècle, de ce qui n'est pas, de ce manque qui toujours nous échappe.

Ainsi, le manque est tellement marqué qu'il rend les choses, dont il est question, plus abstraites. 

Il résulte de ces assemblages de mots une impression de mystère, de monde vu à distance, comme par exemple, comme caché, atténué par la neige (comme c'est le cas de deux trois poèmes ici).

Extrait de "l'ébauche", de Stéphane Branger :

"Le vent se fait haut et court

Le vent se fait haut et court
Et l'espace qu'il nous laisse
N'est pas plus grand
Qu'une feuille d'automne

Il faudrait pouvoir comprendre
Le fait d'être vent à son tour
Insaisissable chaud ou froid

Souffle
Direction
Pression atmosphérique
Et autre langage
Qui nous échappe
Encore une fois

L'ébullition même
La vapeur
Et surtout la force
Qui parfois nous pousse
Ou nous rejette

Déchiffrer la trace
Du passage du vent
C'est comme déchiffrer
Les lignes de son propre cœur
Muscles et fissures
Dans un avis de tempête"

Les illustrations (dont celle de couverture) sont de Corinne Saint-Mieux. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur "L'ébauche", de Stéphane Branger, qui est vendu au prix de 7 € (+ 3 € de frais d'envois), rendez-vous sur le site de l'auteur : http://www.stephanebranger.com/

mercredi 20 février 2019

"Le musée de la girouette et du ventilateur", d'Éric Dejaeger


Publié par les Éditions Gros Textes et sous-titré "Poèmes cocasses", "Le musée de la girouette et du ventilateur", d'Éric Dejaeger, porte bien son deuxième nom.

En effet, les poèmes qui le composent délirent pas mal. Ce sont des textes courts, écrits en vers libres, truffés de jeux de mots et souvent traversés par des listes.

D'ailleurs, on les dirait presque écrits à partir de leur titres, bourrés de fantaisie (témoin, celui qui est donné à cet ensemble), à moins que ce ne soit l'inverse. Les titres résument souvent les poèmes, comme s'ils permettaient leur inventivité.

Ainsi, j'ai trouvé "Le musée de la girouette et du ventilateur", d'Éric Dejaeger, plus surréaliste que d'autres livres du  même auteur.

À noter, enfin d’opus, la saga, en plusieurs épisodes, du superpoète. Je ne rate jamais l'occasion de voir un poète chambré, et là, en voilà une belle occasion.

Extrait de "Le musée de la girouette et du ventilateur" : "Fidèle épouse" :

il passe tout son temps
dans sa tour d'ivoire
au sommet de la maison.
Il y travaille
d'arrache-pied
à son grand oeuvre.
Il refuse l'interphone
et le portable
pour communiquer
avec le bas peuple.
Comme il est dur
de la feuille blanche
son épouse
doit se taper
les quarante marches
chaque fois que la soupe
de Superpoète est servie.

Illustration de la première de couverture est de Serge Delescaille.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le musée de la girouette et du ventilateur", d'Éric Dejaeger, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le blog des éditions Gros Textes, https://sites.google.com/site/grostextes/

lundi 4 février 2019

"Demeure", d'Hubert Le Boisselier


Publié par Z4 Editions, "Demeure" d'Hubert Le Boisselier montre une vraie démarche d'écriture.

Je veux dire le fait de partir, par l'écriture, à la rencontre de soi. Bon, je ne suis pas trop fan de l'ego, mais j'aime parfois aussi l’ordre dans la tête ! Et là, justement, ça commence par le commencement. 

Si l'on excepte le fait qu'Hubert Le Boisselier envisage sa propre mort avant d'attaquer la vie, il procède par ordre. Puis il évoque ensuite son nom. Le nom, c'est la preuve d'une existence minimale. Et c'est au tour de la maison, celle qui est la demeure, avant d'en finir par le corps et les mots. 

Bien sûr, ce sont des images qui montrent la conscience de soi.

Pour une fois, j'ai d'ailleurs aimé davantage, dans ce livre, la manière dont c'est dit (cette écriture crantée) que ce dont il est question (le soi, car il y a aussi le reste).

En effet, le lecteur sent bien cette soif de contrôle qui s'exprime dans l'écriture d'Hubert Le Boisselier. Ce refus de se laisser emporter, quand un vers est écrit, par le vers suivant. L'auteur ne brûle pas ses propres étapes.

Ainsi, ce style d'écriture est gage de clarté.

À noter également la partie de ce livre intitulée "Entrelangues", dans laquelle le français se mêle à l'anglais, y compris dans une même phrase. Ça donne au poème un petit air de chanson qui se moquerait de ses refrains.

Extrait de "Demeure", d'Hubert Le Boisselier : "Jour sans audace" :

"jour sans audace
où l'on puise des affinités
avec le vide

où l'on renoue avec des mots
patinés par l'usage

où l'on porte sur les épaules
le joug syntaxique

ou bien

marcher au bord
du précipice
un bandeau sur les yeux"

Le photographie de couverture est de l'auteur.

Pour en savoir plus sur "Demeure", d'Hubert Le Boisselier, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site de son éditeur : https://z4editions.fr/