"Contrats"
d'Hervé Federspiel est un volume de près de 200 pages, composé de trois
nouvelles, intitulées : "Histoire de Colette", "En
parallèle" et "II".
Chacune de ces trois
nouvelles est relative à trois personnes d'âges et de préoccupations
différentes, qui se débattent avec leur quotidien.
Pour donner une idée
de l'ambiance du livre, plus que pour parler d'influence, je citerais les
livres de Michel Houellebecq, qui se déroulent dans des horizons communs.
En effet, deux des
trois personnages de ces "contrats" sont obsédés par leur sexualité,
du fait bien entendu qu'ils sont aux prises avec leur propre misère
sexuelle. Et dans tous les cas, l'amour est souvent escamoté par la vulgarité
de la vie quotidienne ou de la sexualité, envisagée de façon clinique.
La deuxième nouvelle,
intitulée "En parallèle", ne me semble pas placée par hasard dans ce
livre. car j'ai l'impression qu'elle se déroule "en parallèle" aux
deux autres histoires. Le "je' renvoie aux "Elle" ou
"Il" et peut passer pour signe d'autobiographie, ce qui n'a aucune
importance d'ailleurs. Cette nouvelle a l'air aussi de se situer dans le passé,
contrairement à l'action des premier et troisième texte.
Dans ces trois
histoires, il y a un côté décadent très prononcé, la vie des trois personnages
semblant être un naufrage progressif, qui se double, dans la deuxième nouvelle,
d'une attirance pour les ambiances gothiques, à travers la musique, les ruines
et la nuit.
N'allez pas croire
toutefois que "Contrats" soit dépourvu d'humour. Par exemple, dans
"II", il est question de l'élevage d'un enfant par son père, car
c'est bien d'élevage qu'il faut parler, même s'il s'agit d'un
cauchemar qui pourrait dégoûter des futurs parents.
Cependant, le recours
aux objets, leur irruption incongrue, finit par créer comme des effets de gags.
Il y a aussi, de brusques accélérations de temps qui laissent à penser qu'après
tout, les malheurs vécus par les personnages principaux sont plutôt bien vécus
sur le long terme. Ainsi, contre toute attente, ces raccourcis de vies contribuent
à la fois au réalisme des nouvelles et à la singularité de l'approche.
Voici le tout début de
"Histoire de Colette" :
"Chaque matin,
Colette se lève à sept heures et quart. La veille, l'étudiante aura réglé son
radio-réveil à sept heures, se réservant ainsi un sas en demi-sommeil avant de
quitter la tendre tiédeur des draps. Colette ne se lave jamais le matin ni ne
se maquille, elle passe en hâte des vêtements pliés sur une chaise et dans ses
pieds le chat miaule plus fort s'il le faut afin d'obtenir sa ration. L'odeur
de pâtée parvient aux narines de Colette, une farce de troisième choix
mélangeant aromates artificiels avec ce qui pourrait être des abats ou des
os".
Enfin, je me suis
demandé quelle était la signification du titre du livre : "Contrats".
Peut-être s'agit-il d'une allusion aux relations humaines, et
particulièrement à celles vécues à deux (homme - femme, père -
fils) qui relèvent finalement du contrat "librement consenti",
mais difficile à défaire...
Pour vous procurer
"Contrats", d'Hervé Federspiel, vendu au prix de 15 €, rendez-vous
sur le site de l'éditeur : Don Endia,http://editions-donendia.com/
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