lundi 22 juin 2015

"Plein phare", de Jean-Baptiste Pédini


Deuxième des recueils publiés par Jean-Baptiste Pédini aux éditions de la Porte d'Yves Perrine, "Plein phare" est un recueil de vacances, mais attention : il ne s'agit pas ici de vacances de l'esprit. Quel poète part jamais en vacances, de ce point de vue?
Jean-Baptiste Pédini joue sur les mots en appelant cet ensemble de poèmes "Plein phare". Le phare caractérise son lieu de séjour. Ouvrage évidemment remarquable qui est ici préféré à la plage, plus traditionnelle. Le phare suggère bien des possibilités d'aventures. Le regard du poète est braqué sur lui et décrit tout ce qu'il autour à partir de lui.
Jean-Baptiste Pédini, comme souvent, écrit des textes en prose. Son rythme d'écriture est rapide, puisque se succèdent de courtes phrases. Mais dans chacune d'entre elles, il y a une image nouvelle. Ainsi, un contraste apparaît entre ce qui est exprimé (l'image recherchée) et la manière dont c'est exprimé (les phrases courtes). 
Le lecteur doit donc se garder de lire trop vite ces textes afin d'en saisir toute la richesse poétique. Chaque image ajoute une note de couleur à la toile de l'auteur déguisé en peintre paysager. 
N'allez pas croire cependant que ces paysages soient du style à se délaver vite fait. 
Jean-Baptiste Pédini ne décrit pas ce qui est, mais ce qui pourrait être : la vraie face des choses, beaucoup moins charmante que leur apparence, ou du moins, qui dément la farce de celle-ci. Car la vacuité des choses ne cesse d'interpeller l'auteur. Je ne peux que lui donner raison, car à mes yeux aussi, les apparences sont toujours trop calmes pour ne pas être trompeuses...

"Un bloc épais de noir avec du rouge dans le ciel, dans les bras de ceux qui y cherchent une veilleuse, dans la foule que personne n'a détaché de son mât de solitude. Ce noir on ne le veut même plus en rêve. Il garde le silence, et nos mains tremblent quand le souvenir d’une sirène se détache de la nuit. Loin de la braise des villes côtières. Quelque part entre l'agitation de l'île et les bouches bées des morts. Ce noir est une porte close dont on ignore la clef. Il protège d'un côté et de l'autre il n'y a rien. Ce noir quand brûle l'eau. Ce noir-là, quand vient la lumière du phare. Ce noir fuyant. L'enfance."


Pour vous procurer "Plein phare", vendu au prix unitaire de 3,80 €, vous pouvez écrire à son éditeur : Yves Perrine, 215 rue Moïse Bodhuin 02000 LAON (je vous donne également le lien du blog de l'auteur : https://prendreapart.wordpress.com/.

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