Ce recueil de
textes, édité par « Rhubarbe », regroupe des chroniques écrites entre
1974 et 2014 et précédemment publiés ailleurs.
Leur auteur,
Jacques Morin, qui anime la revue « Décharge » depuis 35 ans, y parle
d'écriture, à travers son expérience personnelle de poète ayant publié des
livres, mais avant tout, en tant que revuiste.
Autant
reconnaître d'emblée qu'il sait de quoi il cause. Pour moi, qui m'occupe de
« Traction-brabant », ces textes résonnent comme autant de retour aux
fondamentaux, qui se définissent comme des impressions reconnues depuis mon
entrée dans le petit monde de la poésie. Il n'y a donc pas là de règles à
suivre (par pitié, non !), il s'agit plutôt de réflexions que j'ai faites
miennes depuis longtemps, sans pour autant toujours les exprimer avec
précision, comme elles sont ici fixées.
Pour autant,
ne croyez pas que ce volume ne s'adresse qu'aux animateurs de revues. Les
auteurs y trouveront des expériences communes à leur pratique solitaire de
l'écriture. Et cela ne leur fera pas de mal de passer de l'autre côté du
miroir : de celui qui fait autre chose que d'écrire.
On trouve
aussi dans ce livre le passage du temps : d'un anarchisme aigu à quelque
chose de plus tempéré, mais qui ne renie pas ses origines.
Je pense pour
ma part que l'esprit anarchiste devrait toujours animer la personne qui se
lance dans la création d'une revue ou d'une maison d'édition. Si ce discours
peut paraître démodé à certain(e)s, à mes yeux de lecteur, il me semble tout
naturel, car cet anarchisme-là relève plus, selon moi, de l'artisanat que d'une
envie forcenée d'en découdre avec un quelconque pouvoir.
Il s'agit
plus de montrer que l'on peut aussi exister par la poésie, que d'imposer ses
vues aux autres.
« J'écris »
s'achève par une sorte de parabole humoristique sur la fin de l’écriture,
intitule « Après tout ». Un pied de nez à tout ce qui précède.
Extrait de
« J'écris », une réflexion qui résume bien l'ambiance de ce livre,
les pieds sur terre et néanmoins dans la poésie :
« Némésis
Sur le
problème du nombre des revues et de leur peu de lectorat respectif, je pense
qu'il faut s'affranchir de l'enflure de l'ambition. Nous ne sommes que des
grenouilles qui coassent chacune dans une mare, celles qui veulent se faire
plus grosses que le bœuf risquent l'éclatement pneumatique. Nous n'avons qu'un
petit volet de lecteurs, quelle importance ? Ce n'est pas en additionnant
ces différents publics que l'on obtiendra une énorme masse de lecteurs, d'une
part parce que certains lisent plusieurs revues et d'autre part parce que
chacun trouve en telle revue tel attrait qu'il ne retrouverait sans doute pas
dans une grosse machine plus impersonnelle. C'est le charme de l'artisan contre
la froideur de l’industriel. Ensuite, je crois qu'on peut jeter plusieurs
passerelles entre des revues voisines ou complices, des ponts qui permettent de
nous relier, sans pour autant nous agglomérer en une seule entité. (...) »
Pour en
savoir plus sur « J'écris », vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur
le site de l'éditeur : http://www.editions-rhubarbe.com/
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