Publié par les éditions du Contentieux, « Vivre c’est oublier
qu’on est mort », de Fabrice Marzuolo est une suite de poèmes en vers
libres, qui comporte aussi quelques textes en prose.
Dans ses textes, l’auteur identifie avec exactitude – me semble-t-il –
notre place dans la société d’aujourd’hui, celle des assis (de Rimbaud ?),
qui sont prêts à gober tout ce qu’on tente de leur faire avaler : c’est la
place des bons consommateurs (d'ailleurs, le titre de ce livre résume tout).
Partant de situations quotidiennes, de ce qu’il voit autour de lui ou
la télé, Fabrice Marzuolo s’emploie inlassablement à nous désillusionner sur
nos pouvoirs : il n’y a pas forcément du désespoir là-dedans, car la
conclusion est invariable : on se fait toujours avoir, ce qui ne nous
empêche pas de continuer à survivre.
La cible de Fabrice Marzuolo est aussi ces écritures trop certaines de
leur confort, qui ne font que relayer notre situation d’esclaves, constat que
je partage également. Car une écriture, ce n’est pas que des mots, c’est une
vision du monde.
Enfin, dans la dernière partie du recueil, à travers des textes plus
longs que les autres : « La conquête de l’espace » et
« Immondicités », l’auteur résume ce qui est, pour lui, l’existence
humaine : quelque chose de déjà fini dès que ça a commencé.
Net et précis, le style illustre ce propos. La chute des poèmes les
ferme comme des sacs bien cousus.
Extrait de « Vivre c’est oublier qu’on est mort », « La
danse de Jean-Baptiste » :
« Dans la voiture wagon
du RER système D pire
entre Paris et mourir
musique exotique à fond
que faire – demander de la mettre en sourdine
et dans cette Babel sur rails
provoquer la bagarre générale
à moins de subir – souffrir sa ruine
s’en accomoder
jusqu’à trouver l’ambiance géniale
par manque de tripes
se mettre à improviser une danse du ventre ».
L’illustration de couverture est de Pascal Ulrich.
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