dimanche 21 septembre 2025

"Les enfants sans mistral", d'Anne Barbusse

 
Avec "Les enfants sans mistral", d'Anne Barbusse, publié par les Éditions Unicité, je retrouve un univers familier. Ce livre se rattache, en effet, à la période Covid. Cette période, bien que douloureuse, semble avoir été très productive pour l'autrice, qui l'évoque, du moins, très souvent dans ses autres textes. Sorte d'heure de vérité pour les contradictions humaines.

J'y retrouve également une forme d'écriture familière, ces vers libres, plus ou moins longs, qui tendent à devenir des versets. Cette forme de respiration naturelle qui convient à merveille à l'expressivité des mots d'Anne Barbusse. Ces phrases parfois brutales dont la lucidité leur donne la force d'oracles.

"Les enfants sans mistral" commence de manière tragique par l'hospitalisation de plusieurs jeunes (et notamment du fils de l'autrice) en hôpital psychiatrique, avant que cela soit le tour de l'autrice elle-même.

Bien que la fin du livre paraisse plus apaisée, avec la sortie du confinement, la révolte n'en est pas exempte. C'est le moins que l'on puisse dire. 
Dans "'Les enfants sans mistral", le lecteur, malgré tout, ressent une progression de l'ombre vers la lumière.
À cet égard, l'omniprésence du soleil semble constituer un baume. En tout cas, cette poésie appartient "corps et âmes" au Sud.

Extrait de "Les enfants sans mistral", d'Anne Barbusse :

"Au soir terni tu fermes la porte à la jouissance des vents. Jour déclinant, baignant la table de bois où s'empilent feuilles de papier

La forêt ne vit pas, elle perdure

Les oiseaux s'acclimatent à toute détresse fuyante

Tous les marcheurs sont redescendus dans toutes les vallées

Les arbres nus ont des bras noirs et des doutes squelettiques

La vieille pompe dysfonctionne, l'eau raréfiée a des silences

L'homme est rappelé depuis un an à sa mortalité, et toute sa technologie lui sert si peu

Il ne niera que les chiffres

Ensuite viendra la coexistence

On marchera sans oubli

Toutes les philosophies seront détrônées par des virus élémentaires

Notre empreinte carbone sera notre aveu et notre doute

Les oiseaux tombent, les insectes aussi rares que les pluies

La terre déforestée s'électrocute d'elle-même

Chaque objet manufacturé peut être converti en une simple démission de CO2

Notre impact terrestre est indélébile et tous les divertissements inventés ne seront que fuites en avant

Les industriels ne misent pas sur l'après-monde

De toute manière tu le savais depuis plus de vingt ans, depuis l'arrivée à l'âge adulte, et tous les maires de village te haïssaient pour tes convictions de Cassandre impardonnée

Ta peine est ton miracle

Traduite en mots elle tâche de lutter à contre-courant, combat rescapée de la psychiatrie

Ta peine bordeline et orpheline

Ta peine en distanciel"

L'illustration de la couverture est de Jacques Cauda.

Si vous souhaitez vous procurer "Les enfants sans mistral", d'Anne Barbusse, qui est vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.editions-unicite.fr/auteurs/Anne-Barbusse/les-enfants-sans-mistral/index.php

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