vendredi 17 octobre 2014

"Le mémo d'Amiens", de Jean-Louis Rambour




Le recueil de poèmes en vers presque mesurés de Jean-Louis Rambour, intitulé "Le mémo d'Amiens", est très attachant pour le lecteur que je suis (à noter d'ailleurs le sous-titre : "Poème-photo", sans doute en référence à "Roman-photo"). Car ces poèmes racontent des histoires, voire le moment le plus crucial de la vie des habitants de ce quartier d'Amiens, quelque part dans la barre Berlioz, depuis la fin de la dernière guerre jusqu'à aujourd'hui, et surtout dans les années 60-70.
Ces années sont celles de changements sociaux importants, d'évolutions de classes dans un sens en apparence ascendant, bien qu'il s'agisse aussi de la disparition de petits commerces plutôt sympathiques.
Dans chaque poème, le nom de la personne dont il est question figure en gras. Les acteurs de ces poèmes sont souvent issus de l'immigration, comme on dirait aujourd'hui. Ce sont des personnes dont le métier n'est pas d'être poète, bien sûr ! Pourtant, ces gens ci et non là, comme dirait l'autre, sont remplis de poésie, chacun à leur manière, de cette poésie qui couvrirait presque le passage du temps.
Les poèmes de Jean-Louis Rambour sont plutôt du genre épique, par la formulation d'une foule de noms propres, d'endroits, notamment. Il s'agit indirectement aussi de poèmes engagés (pas au sens grandiloquent et démodé du terme), en ce sens que l'auteur montre que les vies ordinaires peuvent être riches et qu'elles se déroulent ici, et pas ailleurs, pas dans la transcendance, mais dans cette communauté bigarrée qui doit bien parvenir à vivre ensemble.
 
Voici un poème extrait de "Le mémo d'Amiens" : 
 
"Ici Brigitte saigne au genou à la hanche au pubis
Aux lèvres aux ongles aux yeux Elle est une tache
De sans la chanson dit un coquelicot
Brigitte part dans les étoiles la boue du ciel
Les champs de maïs avoine les prés salés
Les tourbières d'autrefois Elle aussi chute
C'est une carriole tirée par deux chevaux
Carriole de novembre pleine de charbon
Elle glisse sur les pavés et les fers des bêtes
Glissent et rendent fragiles les jambes
Des jeunes filles des jeunes filles en beauté
Celles qui fuient les coins sombres les mains
Assassines des hommes des ados excités prêts
A pousser un corps sous des roues criardes".
 
Pour en savoir plus sur "Le mémo d'Amiens" vendu au prix de 8 €, rendez-vous sur le site des éditions Henry : http://www.editionshenry.com

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