Robert Nédélec n'est pas un débutant en poésie. Il a édité de
nombreux recueils de poésie, parmi lesquels ce livre récent, intitulé
"Plein Champ", édité par les éditions Aspect.
Dans ce recueil, je retrouve (et peux le regretter) les mêmes
caractères formels que dans plusieurs recueils précédemment publiés. Mais il
faut reconnaître que ça fonctionne toujours très bien.
Ainsi, chacun des textes de "Plein champ" est composé
d'une série de versets, entre poème et prose, chaque court paragraphe étant
relié au suivant par un signe de ponctuation (virgule), ou tout simplement par
le vide.
Et le lecteur devine, à travers ces paragraphes, la respiration de
cette poésie, ce souffle, qui peut être qualifié d'ample, ce qui est assez rare
dans la poésie d'aujourd'hui. Et c'est cette respiration qui donne sa beauté au
poème. Le luxe des images, également, y contribue. Sachant qu'image ne signifie
pas obligatoirement métaphore, car l'auteur ne fait que décrire minutieusement
ce qu'il voit, ou ce qu'il imagine voir.
Quant au contenu de "Plein champ", et sans rentrer dans
les détails, il me rappelle une ambiance déjà lue chez cet auteur. Mais j'aime
ça. Ses poèmes donnent toujours l'impression d'explorer un village, une maison
désertés de ses habitants. Et j'aime beaucoup l'aspect fantomatique des
apparitions humaines dans ces poèmes qui finissent par se situer hors du temps.
Bref, c'est du bien bel ouvrage !
En voilà un exemple (parmi tant d'autres) :
"La chambre
Rien n'a changé depuis qu'ils ont disparu,
emmenant avec eux le désir et la peur, ceux-là qu'ils s'apostrophaient
autrefois d'une haie à l'autre, se cognaient la tête
Aux branches basses, et saignaient des heures,
allongés au bord des matins sans neige. On a convoqué la foudre pourtant, comme
pour pallier l'absence,
Et réduit en cendres tout ce bric-à-brac
accumulé dans les placards, parmi les balais et les poudres, dans le fol espoir
d'évoquer les morts,
Et l'on a parfait ces dessins de bouches dont d'autres
avaient couvert les miroirs. Depuis qu'ils ont fui, ceux-là qui serraient le
cri dans leurs mains,
Le même homme seul marche sans lumière, se
dresse ou se tasse, selon la saison, et rêve, le lâche, quand il se regarde en
face et blêmit,
De changer la vie - le même homme tremble,
mais comment savoir qu'il s'agit de soi quand, de dehors, il semble qu'il n'y
ait personne dans la chambre".
Pour vous procurer ce livre, vendu au prix de 13 €, vous pouvez
aller faire un tour sur le blog des éditions Aspect,
http://nancy.aspect.editions.over-blog.com
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