J'aime beaucoup ce texte de Rémi
Chechetto, intitulé « Boomerang », qui vient d'être édité par les
éditions Potentille.
Pour une fois, il est ouvertement
question de pessimisme en poésie, de cette prédestination qui fait que si
quelque chose va bien, cela ne durera pas. D'ailleurs, il ne s'agit pas de
pessimisme, mais de réalisme.
Voilà donc l'image du boomerang.
Il y a aussi et surtout dans cet
objet, qui est image, la certitude que rien ne reste immobile, et même que tout
a tendance à aller vers le bas.
Bien sûr, le refus ici s’exprime,
l'envie de quelque chose de plus serein, l'envie même d'en découdre avec ce
tigre de papier, ce boomerang. En vain, bien sûr. Ne reste de tous ces ébats
que la tourmente.
D'ailleurs, l'écriture de Rémi Chechetto, elle aussi, épouse
la trajectoire du boomerang.
Mi-prose, mi-vers, elle passe de l'un à l'autre et vice-versa
instantanément, sans que la coupure ne se ressente.
Extrait de « Boomerang » :
« c’est matin je pars alors que le soleil se lève, à
peine est-il monté qu'il redescend ne laissant que du noir ; noir froid,
calamiteux, toxique, noir collant et étouffant comme suie / goudron /
rendez-vous des chasseurs / des clameurs / vie en mille morceaux
et ce qui n'est pas en dehors moi
les arbres de ce printemps brillent, le jardin est là, le
vert et jaune et courbe, il est toujours le rendez-vous des oiseauxc'est en moi
donc
que s'est couché le soleil
c'est mon soleil
donc
qui s'en est allé de moi
et j’aurai beau tendre les mains en avant
beau élever l'intelligible comme garde-fou
je ne pourrai ni éviter le noir ni ne pas le heurter
il sera toujours plus aigu
tandis que déjà il me défait à l'intérieur »
L'illustration de couverture est de Samuel Buckman.
Pour vous procurer « Boomerang », de Rémi Chechetto, vendu au prix de 8 €, contact (chez l'éditeur) : http://potentille.jimdo.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire