mercredi 14 avril 2021

"Le foutoir", de Walter Ruhlmann

 

Nouveau recueil de Walter Ruhlmann, publié aux Éditions Urtica, "Le foutoir" se présente d'emblée avec un titre peu usuel.

Ainsi, le lecteur sera tenté de se dire : bon sang, je vais trouver là tout et n'importe quoi. Eh bien non ! Même si le recueil ne traite pas d'un sujet en particulier, les poèmes qui le composent ne sont pas réunis ici par hasard. Ils participent d'une même vision du monde. 
Et justement, pour l'auteur, c'est l'esprit humain qui est un foutoir, comme il l'avoue à la fin, dans "Sapiens tu crains". 

Je dis, moi, qu'il n'y a pas que l'esprit humain qui est un foutoir. Le monde qui nous entoure l'est aussi, puisqu'il s'agit du monde de la consommation, accéléré par Internet. 
Et cela, les poèmes de Walter Ruhlmann le montrent également. Pour autant, ils ne sont pas que dénonciation, mais avant tout visions.
Au-delà de ces visions, l'auteur aime montrer des intimités, parfois sexuelles. Et même apaisés, ses textes demeurent passionnels. Ils gardent ce côté adolescent que je ne trouve pas souvent dans la poésie.

Extrait de "Le foutoir", de Walter Ruhlmann, "Tannenbaum" :

"La vue depuis cette pièce est un paysage dont on ne peut s'échapper,
les montagnes couvertes de neige, des murailles à la hauteur insurmontable,
des pics gelés et des arbres vers fraichement saupoudrés de poussière de
coton,
un glaçage de sucre, des grains de cocaïne, de la farine, du pollen;
les arbres verts sont nos amis.

Bientôt ils seront coupés pour être replantés dans ses foyers,
habillés, maquillés, déguisés, harnachés:
des Tannenbaüme un peu putes.
Des guirlandes dorées, des étoiles argentées, de la neige chimique en poudre,
des décors en métal brillant, des silhouettes d'anges, des pères Noël, des
vierges,
qui baisent tous dans les senteurs conifères, aussi entêtantes
que les odeurs de pin contenues dans les aréaolsols de cabinets.

Surchauffés, ils perdront bientôt leurs épines par million,
certaines resteront même coincées dans le tapis;
aucun aspirateur ne pourra y venir à bout,
même les retirer entre le pouce et l'index sera infaisable,
la plupart se cacheront et deviendront invisibles.
Finalement, les arbres seront jetés à la rue, le trottoir sera leur cimetière, des millions de cadavres,
des kilomètres de tombes, des allées de majestés défigurées, des arbres
abîmés, des branches émaciées et nues."

L'illustration de la première de couverture est de Norman J. Olson.

Si vous souhaitez vous procurer "Le foutoir", de Walter Ruhlmann, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire