"L'homme
percé" de Marc Sastre a été édité en 2011 par l'auteur et ses Editions Les
Cyniques.
Auparavant, Marc
Sastre avait publié quatre recueils aux éditions n & b,
successivement "Rien qu'une chute", "Soif", "La maison
vide", "A défaut de martyrs".
J'ai beaucoup
aimé "L'homme percé" pour plusieurs raisons : tout d'abord, parce que
passages en proses et poèmes en vers libres sont alternés. Et ensuite, surtout,
par le thème traité. En apparence, il est question de la vie en usine, il
s'agit de décrire l'usure du corps et de l'esprit chez les personnes qui y
travaillent.
Mais ce n'est
pas ce qui m'intéresse le plus. Le propos, surtout s'il est teinté de
misérabilisme, ne peut que paraître très ordinaire.
Non, ce qui
m'intéresse, c'est la tension vécue par l'ouvrier, sans doute l'auteur, qui
sait que derrière l'usine il y a une autre vie qui existe. Attention, cette
tension demeure inassouvie. Il n'y a pas de victoire nette du gentil
intellectuel sur la brute manuelle. L'idéal serait sans doute, mais à quel
prix, de savoir se placer des deux côtés des mêmes gestes. Mais la tension est
aussi celle qui existe entre les mondes de l'intellectuel et du manuel,
synonyme d'incompréhension totale.
Il n'y a pas
d'issue à cette tension dans ce livre, par contre, il en ressort de la vraie
lucidité qui réchauffe le cœur et c'est déjà beaucoup. Rare qu'un intellectuel
parle bien des manuels, sans les glisser dans du papier cadeau.
Un petit
extrait : "Il s'en moque bien du vrai et du faux, ce maçon au ventre
riche et rond qui aligne son mur, sans compter ni les pierres, ni les heures,
ni les jours qui suffisent à compter son destin. (...)
Le politique ne
le touche pas. Il ne touche pas à la politique. Il se fout de tout, sauf de
l'alignement de ses pierres. Bientôt, les maisons ne seront plus.
Alors les
maçons ne seront plus."
Mention
spéciale pour finir à la couverture que vous pouvez découvrir ci-dessous.
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