S'il y a un paradoxe
dans ce court recueil de Jean-Baptiste Pédini, intitulé "Il y a ici le
vent", c'est que son auteur voit son reflet dans une eau saumâtre,
stagnante et noire.
Mais en fait, le paradoxe
n'est qu'apparent car ce que voit Jean-Baptiste, c'est le reflet de ses pensées
qui font du surplace, et aussi la maladresse du corps qui, comme un arbre, ne
peut être oublié.
Et les mots sont
peut-être les médiateurs du corps et de l'esprit. L'image du paysage les
concerne eux aussi, car ils servent à meubler l'espace, comme des cailloux, des
cales, pour se protéger de l'extérieur sous le couvert.
Malgré cette
impuissance native, qui est bien sûr généralement la nôtre, le paysage avec ses
filets et ses reflets de lumière ne parvient pas à rendre notre existence
complètement laide.
Et finalement, nous
repartons de nous-mêmes, en tant que lecteurs, pour aller vers le paysage, qui
est le même au cours de ces 10 poèmes en prose et dont le lecteur ne peut être
que pénétré.
Dans "Il y a ici
le vent", il y a des formules qui tuent, comme celle-ci par exemple: "on dissimule sous la mousse et rien n'est plus envahissant
que l'ordre".
Un ptit texte pour la
route :
"Ce n'est que ça
le discours de l'eau, une excuse bafouillée quand l'orage s'arrête. Quand le
froissement des peaux devient plus essentiel que la respiration. Ensuite on
arrive là et on est épuisé, comme à la fin d'un sprint entre la détonation et
sa portée. On est un peu tremblant mais cela ne nous atteint plus. Le courant,
les lieux mystiques, les voix qui dégringolent de la cime des arbres pour dire
quelque chose que l'on ne comprend pas. Non, trop de temps s'est écoulé et
c'est en nous qu'est le tonnerre et le cri des yeux est plus fort. On est
tremblant mais le ciel ici tient bon, alors on fait avec".
Pour se procurer ce
recueil vendu au prix de 3 €, écrire à Yves Perrine, La Porte 215 rue Moïse
Bodhuin 02000 LAON. Vous pouvez également aller faire un tour sur le blog de
l'auteur : http://prendreapart.wordpress.com/