"Joubarbe" de Camille Loivier est un unique poème en vers libres, formant recueil, et divisé en treize
parties.
Il évoque, à la
manière d'un récit, l'histoire de la "vie" d'une joubarbe, cette
plante qui pousse dans les anfractuosités, en hauteur (sur les toits, les
murs). Une vie d'acrobate, en quelque sorte, également contemplative.
Quand je dis acrobate,
c'est parce que tous les ans (ou à peu près), la joubarbe fait une chute dans
la cour qui la reçoit. Mais à chaque fois, elle s'en sort et se retrouve
ensuite et de nouveau en hauteur.
A part cette exception
de mouvement, que la joubarbe a le luxe de pouvoir se permettre de reproduire,
le reste de son existence s'écoule à observer la vie des occupants de la cour
intérieure qui l'héberge.
Bien sûr, le temps qui
passe fait évoluer les gens, les métiers, bref, la société des hommes.
J'ai beaucoup aimé
"Joubarbe" car les images de la vie de cette fleur (sans fleur ici) y
sont restituées à la fois avec simplicité et sensibilité, dans un bel équilibre
entre nostalgie et sens de la vie.
La personnification de
la joubarbe n'est à aucun moment artificielle ou déplacée. Le lecteur la suit
donc à travers les pages comme s'il s'agissait d'une femme sans âge.
Voici le début de ce
poème pour la route :
" I.
Ma vie a commencé dans
une cour
au-dessus d'une autre
cour
une cour petite
étroite
il n'y avait rien
ni plante ni soleil ni
dimanche
il fallait lever haut
la tête
(est-ce pour cela
qu'elle a un grand cou)
pour voir le ciel pour
me voir
on entrait dans cette
cour en se recroquevillant
- redevenir petite -
enjamber une étroite
fenêtre au-dessus
d'un escalier afin de
ne pas se cogner ou tomber
et pour revenir faire
un vol plané au-dessus des marches
- être acrobate
-"
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