Comment concilier la luxuriance
de la nature avec ces villes tentaculaires que souvent nous traversons ?
De manière en apparence
paradoxale, par la solitude qui émanent d'elles, peut-être...
Par le vol des oiseaux aussi,
particulièrement observés et aimés dans ce livre. Symbole d'évasion des
réalités quotidiennes, cher à la poésie romantique, et bien sûr, signal du
contraire, ce chasseur de nos illusions qui a vite fait de les mettre dans la
terre.
Il y a tout cela dans ce recueil
de Murielle Compère-Demarcy, et sans doute d'autres choses encore, comme
l'amour et la poésie, chaque jour de passage.
Tous les signaux sont là, il n'y
a plus qu'à s'en saisir.
Cette fois-ci, comme jamais
jusqu'à présent, me semble-t-il, l'auteur n'a autant cherché à coller ensemble,
par la mise en apposition des mots qui leur caractérisent, les irréconciliables
de la nature (l'extérieur) et de la technologie (l'intérieur).
Le résultat est une écriture qui
a trouvé son style, générant du souffle et de la beauté lyrique, présents
à travers la quasi-totalité des poèmes publiés ici.
A signaler en fin de volume, "La Petite Fille et la Pluie", épilogue de douceur, par rapport au morceau de résistance que constitue "Signaux d'existence".
Je l'avoue : c'est toujours
une joie pour l'éditeur que je suis, et qui a publié en 2015, « Trash fragilité », du même auteur, de voir ses poètes préférés continuer leur route
vers d'autres contrées éditoriales.
« Signaux
d'existence », publié par les éditions du Petit Véhicule, dans la
collection de « la Galerie de l'or du temps », est aussi et sans
doute le plus beau livre qu'il m'ait été donné de tenir entre mes mains, cette
année.
Cette prouesse n'aurait pas été
possible sans les illustrations de Didier Mélique (auteur, entre autres, de
l'image de couverture), et photographie de Michel Bourbier, ainsi que par le
mode de conception du livre lui-même (dont la mise en page est de Marine
Jan) : format (22,2 cms X 21,4 cms) et papier utilisés, reliure noire
cousue de bleu clair.
Extrait du livre :
« Le cœur métronome
rythme
le chant des nuits
de l'homme et de l’engoulevent
qui bâillent
d'insectes à étoiles
d'étoile en étoile
Je surligne au fluo de
l'Imaginaire
le tracé de ses passages
et toutes mes ouïes qui
regardent
n'en reviennent pas
de ce long cours magnétique
de ce long cours
migratoire »