jeudi 27 octobre 2016

« Signaux d'existence », suivi de "La Petite Fille et la Pluie", de Murielle Compère-Demarcy



Comment concilier la luxuriance de la nature avec ces villes tentaculaires que souvent nous traversons ?

De manière en apparence paradoxale, par la solitude qui émanent d'elles, peut-être...

Par le vol des oiseaux aussi, particulièrement observés et aimés dans ce livre. Symbole d'évasion des réalités quotidiennes, cher à la poésie romantique, et bien sûr, signal du contraire, ce chasseur de nos illusions qui a vite fait de les mettre dans la terre.

Il y a tout cela dans ce recueil de Murielle Compère-Demarcy, et sans doute d'autres choses encore, comme l'amour et la poésie, chaque jour de passage. 

Tous les signaux sont là, il n'y a plus qu'à s'en saisir.

Cette fois-ci, comme jamais jusqu'à présent, me semble-t-il, l'auteur n'a autant cherché à coller ensemble, par la mise en apposition des mots qui leur caractérisent, les irréconciliables de la nature (l'extérieur) et de la technologie (l'intérieur).

Le résultat est une écriture qui a trouvé son style, générant du souffle et de la beauté lyrique, présents à travers la quasi-totalité des poèmes publiés ici.

A signaler en fin de volume, "La Petite Fille et la Pluie", épilogue de douceur, par rapport au morceau de résistance que constitue "Signaux d'existence".

Je l'avoue : c'est toujours une joie pour l'éditeur que je suis, et qui a publié en 2015, « Trash fragilité », du même auteur, de voir ses poètes préférés continuer leur route vers d'autres contrées éditoriales.

« Signaux d'existence », publié par les éditions du Petit Véhicule, dans la collection de « la Galerie de l'or du temps », est aussi et sans doute le plus beau livre qu'il m'ait été donné de tenir entre mes mains, cette année.

Cette prouesse n'aurait pas été possible sans les illustrations de Didier Mélique (auteur, entre autres, de l'image de couverture), et photographie de Michel Bourbier, ainsi que par le mode de conception du livre lui-même (dont la mise en page est de Marine Jan) : format (22,2 cms X 21,4 cms) et papier utilisés, reliure noire cousue de bleu clair.

Extrait du livre :

« Le cœur métronome rythme
le chant des nuits
de l'homme et de l’engoulevent qui bâillent
d'insectes à étoiles
d'étoile en étoile

Je surligne au fluo de l'Imaginaire
le tracé de ses passages
et toutes mes ouïes qui regardent
n'en reviennent pas
de ce long cours magnétique
de ce long cours migratoire »

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Signaux d'existence », qui est vendu au prix de 25 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://lepetitvehicule.com/

mardi 25 octobre 2016

"Des falaises", de Mélanie Leblanc


« Des falaises » est le premier recueil publié de Mélanie Leblanc. Et en plus, il est publié chez un éditeur important, depuis pas mal années, dans notre paysage poétique, s'agissant de Cheyne Editeur.

D'emblée, ce qui frappe le lecteur, c'est la totale adéquation entre le sujet de ce texte (les falaises) et le style de l'auteur, si je puis dire, bien tranché, bien campé, dans des vers courts, voire très courts, de un ou deux mots, comme si des mots étaient pendus au bord du vide.

Derrière l'apparence des falaises, dans un aller-retour continuel entre elles et l’œil qui les regarde, Mélanie Leblanc décrit ce qu'elles représentent en nous.

Ainsi, un va-et-vient s'opère entre extérieur et intérieur.

Bien sûr, pour elle, les falaises sont symboles de puissance, mais également de faiblesse, bref, comme un mélange de ce qui peut résumer un être humain vivant, et aussi résumé de nos vies.

Dans ces poèmes, c'est souvent cet instant de la rupture qui est reproduit, générateur à la fois de mort, mais également de libération.

Extraits de « Des falaises » :

« le corps des falaises

empreintes du temps

une couche de silex
pour chaque année noire »

***

« on appelle vivante la falaise qui meurt
la belle la vraie
blanche car effondrée

beau de mourir tous les jours un peu »

***

« peser de tout son poids pour
enfin

s'envoler »

Pour vous procurer « Des falaises », qui est vendu au prix de 17 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.cheyne-editeur.com/

« Ubayubaye ! », de Jean-Marie Alfroy



Publié dans la collection Lieu d'Encres vives », « Ubayubaye !»  est le récit poétique de randonnées effectuées par l'auteur dans les Alpes du Sud, près de la frontière italienne.

Je retrouve dans ce recueil ce qui caractérise le style de Jean-Marie Alfroy, une représentation qui n'en reste pas aux images, mais va vers la musique, par le recours à l'incantation, tout particulièrement à travers le poème-phare de ce cycle qui en appelle à l'Ubayubaye, à travers justement, le terme de « chant ».

D'ailleurs tout le texte est construit sur le modèle des formes musicales : "chant », mais également, « intermèdes », « récitatif » et « coda ».

Et bien souvent, les vers prennent alors la forme de versets, comme ces rivières (telle l'Ubaye) qui, emporteraient tout sur leur passage.

Parfois, par une exception qui confirme la règle, les poèmes se font plus elliptiques, comme dans les « Intermèdes » de la partie centrale du texte.

Mais, même lorsque les vers se raccourcissent, il y a toujours ce dynamisme, cet instinct de révolte qui donne au poème sa puissance.

Extrait de « Ubayubaye », la « coda » finale :

« On ne quitte pas une vallée comme on quitte une plaine à blé
on se glisse sans fierté contre des parois rocheuses qui suintent de larmes
incomprises
et au col in ne se retourne pas vers ceux qu'on pense avoir trahis
on plonge dans le bain des territoires en se disant que c'est fini
qu'il n'y aura plus de pics à définir, de crêtes à dessiner
sur le grand mur des jours et des saisons

On quitte une vallée comme on quitte une Ariane sur son rivage
parce que des Athènes attendent qu'on revienne se perdre dans le grand troupeau
parce qu'on croît être plus fort de porter l'uniforme des citadins bleuis et noircis par les textiles internationaux

On se quitte soi-même et on meurt comme on n'a jamais cessé de le faire
depuis le berceau

On se console en revivant la course des eaux depuis les neiges des
frontières
jusqu'à leur effacement ans le grand lac construit par les hommes
à cause de leur soif de lumière et de propreté
alors qu'ils errent depuis toujours dans leur ignorance et leur saleté
morale

On se console parce qu'il est dans la nature de l'homme de se consoler. »

Pour vous procurer « Ubayubaye », de Jean-Marie Alfroy, qui est vendu au prix de 6,10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://encresvives.wix.com/michelcosem

mercredi 12 octobre 2016

"Regarder vivre", de Murièle Camac


Troisième livre de Murièle Camac publié par les éditions N&B, « Regarder vivre » est moins marqué par le soleil que les deux précédents ("Vitres ouvertes" dans la collection Polder de la revue Décharge et "La mer devrait suffire" aux Editions Henry). C'est même plutôt le contraire qui se produit là.

En effet, s'il est souvent encore question d'escapades, ces dernières ont notamment pour cadre le froid (« Hiver ») ou le « vent » (d'Irlande).

Le plaisir de lire les poèmes (la plupart du temps en vers libres, plutôt qu'en proses) qui composent « Regarder vivre », au-delà de ces considérations atmosphériques, n'est pas forcément facile à expliquer pour le lecteur.

Reste cependant au moins une constante. La poésie est ici souvent spatiale.

Rien à voir avec le courant initié par Pierre Garnier (le spatialisme), si ce n'est que le corps se trouve souvent plongé dans des espaces qui le dominent. Corollaire des voyages ? Non pas seulement, mais plutôt sensation de n'être pas exactement à sa place là où l'on est.

L'impression dérangeante qui en découle est familière aux poètes, et explique en partie qu'ils écrivent.

Mais pour caractériser les poèmes de Murièle Camac, il faut aller plus avant, souligner les références qui les traversent, dont la discrétion fait le charme, ainsi que leur diversité, qui loin de se limiter à la culture classique (mythologie, histoire), embrasse à la fois l'actualité et parfois même de plus mauvais genres (science-fiction, voire cinéma).

Le style de ces textes est également diversifié, derrière leur apparente simplicité, allant d'un registre familier, de refrains vers des raccourcis saisissants, ce qui crée des effets de surprise, toujours bienvenus en poésie, et donnant l’impression que des collages ont été faits comme avec colle et ciseaux.

Le sismographe - si je peux l'appeler ainsi - de ces poèmes est lui aussi étendu, passant de la révolte à la nostalgie en traversant l'auto-dérision, avec un fonds commun de sensibilité, le genre de qualités qui fait que le monde devrait pouvoir continuer à avancer. Un espoir, fragile, qui ne se brise jamais...

Extrait de "Regarder vivre" :

"Un midi que je me trouvais chez moi
et qu'un papillon affolé s'était
laisse enfermer dans mes yeux 
il s'est mis à faire nuit
verte une nuit verte
il n'y avait plus lieu
de distinguer les nuages des arbres
la pluie des plantes

je me trouvais chez moi
ce n'était pas la maladie qui faisait voir la nuit si verte
couleur de fièvre et de rêve
il y avait bien dans l'esprit de l'orage un désir de durer
de devenir terrestre

comme il y avait
peut-être
dans l'épuisement
de la conscience
un désir
de se disperser
dans l'orage"

Pour en savoir plus sur « Regarder vivre », de Murièle Camac, qui est vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://n-et-b-editions-poesie-toulouse.org/

lundi 10 octobre 2016

« Morning à la fenêtre », de Christophe Sanchez


Avec « Morning à la fenêtre », premier livre publié par les Éditions Tarmac, Christophe Sanchez me semble avant tout avoir trouvé la forme, originale, qui convient à ce qu'il a écrit.

Il s'agit ici d'une succession d'un ensemble de 3 petits poèmes journaliers rédigés durant trois mois, lors des insomnies matinales de l'auteur et publiés d'abord sur les réseaux sociaux de novembre 2015 à janvier 2016.

Leur forme est originale, s'agissant de poèmes de 5 vers, complété par un vers de un à deux mots, qui n'en est pas un, comme dit l'auteur, mais qui contribue à rythmer le texte.

Et ce dernier texte se retrouve paradoxalement bien encadré dans ses limites, malgré, ou plutôt, grâce à ce débordement volontaire.

Comme c'est prévisible, vu les circonstances dans lesquelles les poèmes ont été écrits, ils retranscrivent l'ambiance qui doit être celle de Palavas les Flots, lieu de vie de Christophe Sanchez, avec la mer, le sable et les oiseaux qui vont avec.

Voilà donc un ensemble de poèmes-météo, à prendre au sens strict du terme, mais aussi au sens plus large de celui-ci. Car la météo est intérieure avant tout : on le voit bien, car, par exemple, lorsque les attentats du 13 novembre 2015 à Paris déteignent sur ces considérations d'extérieur, de leur sang versé.

Et l'imagination, donc la poésie, prennent le pas sur la description. Tant mieux, car je n'aurais pas aimé avoir affaire à un énième recueil de haïkus !...

Extraits de « Morning à la fenêtre » :

   « Des lames rouge sang
   Trempent dans la mer
   Du pain perdu de nuit
Que le jour cuit, tourne
                                           Et retourne » (mardi 17 novembre)

                 « Le vent manque à la mer
                 Manque à la rue solitaire
                 Qui se fige sous un drap
                 Tendu de nuit où s'usent
Les échevelés » (dimanche 20 décembre)

« Deux frères goélands
    Se bataillent à becs
    Acérés le haut siège
    Du réverbère à tête
                                       De brume » (mercredi 6 janvier)


Pour en savoir plus sur « Morning à la fenêtre », de Christophe Sanchez, qui est vendu au prix de 11 €, rendez-vous sur le site des éditions http://tarmaceditions.com/

vendredi 7 octobre 2016

« Lexique élémentaire », de Jean-Luc Le Cleac'h


Je n'ai pas l'habitude de chroniquer des livres de poésie heureux, mais celui-ci me paraît en être un.

Il s'agit de « Lexique élémentaire », de Jean-Luc Le Cleac'h, édité par « Interventions à Haute Voix ».

A travers le titre de ce recueil est déjà énoncé son objet : donner une succession de tentatives réussies de définitions poétiques de la « nuit », du « vent », de « l'archipel », du « regard », mais aussi « des choses dont on ne se lasse pas », à savoir les saisons.

Cela donne une poésie simple, mais pas gênée aux entournures, qui sait quoi faire de cette nature qu'elle exprime, et qui en jouit.

Bien entendu, les images sont très visuelles et évoquent souvent le lieu d'habitat de l'auteur, à savoir les paysages maritimes de sa Bretagne.

Extrait de « lexique élémentaire », de Jean-Luc Le Cleac'h :

« Il faut tendre l'oreille
pour cueillir tous les bruits de la nuit
les paroles diffuses
dans le taillis des signes »

*

« le vent
dans l'abondant feuillage
du peuplier argenté

Le même registre sonore
qu'une robe que l'on défait
un soir d'été »

*

« Quelles correspondances unissent les nuages blancs et frais comme des ventres de chats, et le vol lent des hérons qui passent le soir au-dessus du jardin ? »


Pour en savoir plus sur ce « lexique élémentaire », de Jean-Luc Le Cleac'h, vendu au prix de 10 €, contact : gerard.faucheux@numericable.fr

"Diplômes", d'Alain Jean Macé

Avec « Diplômes », qui vient d'être publié aux Éditions de l'Arbre, Alain Jean Macé nous fait parcourir un brin d'histoire des écoles, un brin inactuel ou éternel, suivant comment on se place : du certificat d’Études au Doctorat, en passant, bien entendu, par le Baccalauréat.

Il faut dire qu'en matière d'études, cet exposé, tout en poèmes, nous fait surtout reprendre les chemins de l'école buissonnière, bien que, sans doute, Alain Jean Macé était un bon élève.

Le style de l'auteur se reconnaît aisément, à travers ces poèmes en vers courts et percutants, dans lesquels, chaque effet, jeux de mots y compris, sont à leur place. On ne pourrait certes glisser, au cœur de ces vers, un mot de plus.

Extrait de « Diplômes » :

« Ma parole il avait bu
L'auteur de la loi
Imposant
Même au possesseur d'un doctorat
La licence quatre
Donnant le feu vert
D'ouverture
De son débit de boisson

Quand le poissonnier
Pour ouvrir un bar
N'a besoin de rien
Hormis un couteau
Comme il lui en faut
Pour une barbue
Un rouget barbet
Ou contre un loubard »

Pour vous inscrire aux « Diplômes » d'Alain Jean Macé, dont le prix est de 12 €, il faudra en passer par la case courrier postal, en vous adressant à l'éditeur, Éditions de l'Arbre, 7 rue d'Hameret 02370 AIZY-JOUY.

mercredi 5 octobre 2016

"13 poèmes taillés dans la pierre", de Patrick Dubost


Cet ensemble de treize poèmes, publiés par les éditions la Boucherie littéraire dans sa nouvelle collection « La feuille et le fusil », ne sont pas là pour porter malheur à leur lecteur.

Bien au contraire : ils existent pour faire méditer celles et ceux qui les liront.

J'aime beaucoup le plan selon lequel ils sont construits.

En effet, chacun de ces textes commence par le mot « on ». Ils énoncent d'abord une vérité générale,  censée être valable pour la plupart des humains, qui est aussitôt démentie dans la suite du texte.

De cette façon, le lecteur va de la certitude vers l'incertitude.

La forme de ces « 13 poèmes taillés dans la pierre » obéit également à des règles spécifiques, présentant tous une mise en page qui s'évase de bas en haut.

En réalité, cette disposition dans l'espace découle du fait que ces poèmes ont été composés, dans le cadre d'une résidence d'écriture, afin d'être exposés dans les encoignures de la Chartreuse Notre-Dame-des-Prés de Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais).

C'est aussi pour cette raison qu'ils parlent des hôtes pouvant être présents en ces lieux (clochers, chouettes, oiseaux).

Leur thématique fait qu'ils s'inscrivent là où ils sont destinés à être lus "en direct" et en dehors de ce livre.

Je signale qu'une version sonore existe également de ces « 13 poèmes taillés dans la pierre ».

Extrait de ce livre ci-dessous :



Pour en savoir plus sur ces "13 poèmes taillés dans la pierre" bicolores et à la couverture « foulée », vendu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://laboucherielitteraire.eklablog.fr/

Sachez cependant que pour toute commande, les livres de la Boucherie littéraire s'achètent en librairie.

dimanche 2 octobre 2016

"Sémiotique de la crasse", de Lukrate


"Sémiotique de la crasse" de Lukrate, n'est pas un livre de poésie au sens étroit du terme, sauf que la poésie peut être partout, même dans la crasse.

Cette remarque mise à part, il s'agit d'un recueil de 26 histoires courtes, que j'ai trouvées plus proches du conte que de la nouvelle.

Elles ont toutes en commun qu'elles racontent des scènes de la vie d'un quasi-SDF, vivant souvent dans la crasse ou pas très loin. C'est un livre de survie au quotidien, qu'une misère noire aiderait à qualifier de gothique. D'où la référence au diable, évidente, qui est inscrite dans la numérotation de la dernière histoire.

Les instants de cette vie en noir ou en gris pourraient paraître déprimants s'ils n'étaient contrebalancés par une paradoxale joie de "mal" vivre, qui se mesure à travers toutes les remarques humoristiques, dont est parsemé le livre, ainsi qu'à travers moult références artistiques et notamment musicales (la préface cite à cet égard, Georges Brassens, Léo Ferré, Hubert Félix Thiéfaine).

De quoi vous éclairer sur l'univers de ce projet anarchiste que je partage en commun.

Les histoires sont racontées à la première personne du singulier, mais ce "je" là ne manque pas de dérision, ce qui fait passer aisément la pilule.

Malgré les difficultés à vivre (manque d'argent et d'amour, alcoolisme, solitude), "Sémiotique de la crasse" peut être vu comme une revendication de la marginalité, autant recherchée que subie. Car faire partie de la norme - on l'oublie un peu trop souvent - ce n'est pas non plus ressembler à quelque chose de particulièrement beau, ce n'est pas forcément avoir un sort enviable.

D'où cet hymne en négatif que j'ai trouvé réjouissant à lire.

Histoire de vous mettre dans l'ambiance, je cite le début de la première histoire : "La fille de l'aube" :

"Elle se tenait droite, inflexible face au monde, les yeux perdus dans le vague.

C'eût été une idole païenne si elle ne portait pas ces frusques à la mode, puant le brillant et le trop serré.

Frêle, encore nimbée de la candeur faussement virginale des enfants nées trop tard, elle crachait par intermittence des geysers de fumée épaisse.

La fine pluie qui nous séparait ne suffisait pas à masquer sa détresse.

Tendant alors de rationaliser ma "pseudo-relation" avec cette inconnue, je relevai le col de mon vieux cuir élimé roulant fébrilement un mégot.
Je voulais détacher les yeux de ce puits de tristesse tout en analysant ce tableau presque vivant : la rue à six plombes du mat."

La fabrication du livre "Sémiotique de la crasse" a la particularité d'avoir été financée sur Internet, avant autoédition, par une campagne de crowdfunding (Kisskissbankbank).

Pour en savoir plus sur ce livre, vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur https://www.kisskissbankbank.com/semiotique-de-la-crasse ou pour le lire sur Internet, https://ebook.nolim.fr/ebook/9791022754569/semiotique-de-la-crasse-lukrate