Ce recueil, très court, mais
consistant, est l'œuvre d'un poète dont j'apprécie particulièrement l'écriture.
Il s'agit d'Etienne Paulin, déjà publié par ailleurs aux éditions Henry et dans
la collection Polder de la revue Décharge.
Dans "Mort d'un pétale", comme
dans les recueils précédents, il y a toujours ce goût du bric et du broc, de
ces vieilles choses (cygnes de bois, limonaire dégradé, bateau pirate, village
western, dérisoires cariatides) dont tout le monde se fout (sauf les
récupérateurs) et qui rendent l'écriture bien coupante.
Ce que j'apprécie particulièrement ici,
c'est que l'auteur, en citant ces choses, ne cherche pas à les rendre
désirables, car il sait déjà que leur beauté provient du fait qu'elles ne sont
justement pas désirables et qu'il faut les tirer de leur oubli, même s'il est
mérité.
L'attention portée à la nature, en plus
de ces objets, est d'ailleurs du même tonneau : le soleil est là, mais l'orage
aussi.
En décrivant ces états rebelles,
Etienne Paulin s'inscrit par là dans le temps commun, qui ne saurait
ignorer le passé, afin de mieux garder la lucidité sur soi : car bien sûr, le
poète est l'acteur principal de cette pagaille.
L'écriture d'Etienne Paulin est très
imagée, et aussi elliptique, comme si le poète voulait se débarrasser de son
poème pour aller faire autre chose. En voilà un trait de caractère qui me
semble intéressant !
Ci-dessous le 4e poème de cette
série :
"Oh la musique allemande,
celle qui porte à rêver."
Léon Dupuis dans Madame Bovary
ce soir le vent n'a plus d'allure
le ciel porte des masques
et l'air s'adosse à l'ombre inouïe des tanks
des écailles s'éveillent
mille fois sans nous
mourir est à rêver
quel beau visage entendre
et y aura-t-il assez d'étages de grelots d'engouements
pour un drame aussi sourd
Le recueil est à commander auprès d'Yves Perrine (Editions
la Porte), 215 rue Moïse Bodhuin 02000 LAON pour le prix de 3,75 € (port
compris).