Ce recueil, dirait
l'intello, c'est la réactualisation du mythe de Leiff Eriksson, ce chef
guerrier islandais parti au Moyen Age à la conquête des "fjords de
l'ouest" du continent américain.
Dans les vers libres
de Bruno Sourdin, mais avec presque le même nombre de mots, cela équivaut à se
mettre dans la peau d'un autre qui est aussi une part de soi-même, un peu poète
maudit sur les bords. Cet autre soi-même prend la fuite pour ne plus voir les
horreurs du monde, et aussi celles du temps qui passe.
J'aime bien cette
poésie qui donne l'impression d'avoir été écrite à l'arrache, avec ses tripes.
Si la tonalité de la
première partie de "Vers les fjords de l'ouest" est plutôt sombre, ce
qui ne me déplait pas, loin de là, la soif du dehors prend peu à peu le dessus
et à la fin, on sent que Leif est prêt à disparaître, "dans l'ivresse et
le bruit neufs", pour citer Rimbaud.
Allégresse de
l'aventure, effacement du présent immédiatement après usage.
Une attitude lucide,
qui donne l'envie d'être vécue.
L'illustration de
couverture est de Pascal Ulrich.
Un poème extrait de
"au pied du snaefellsjökull" :
"Leif le chanceux
se
lève à l'aube il
est dépouillé il
disparaît
dans un nuage de
cendres il se tait
et comme les hommes
de la montagne vide
il ne regrette rien
la nuit il sort
de l'eau et vient
danser en se tordant
il pousse des cris
d'effroi il fait
sauter
des grottes de lave
à l'aube il file
les dents
serrées par
la colère il glisse
dans l'île des obscurs
et il se tait
la douleur est comme
une vague sans fin
qui déferle et qui
nous ronge si furieusement
la menace battements
syncopes
l'immense grondement
des volcans
allons allons partons
comme
une boule de feu
dans les nuages
sombres
l'inévitable est
déchaîné"
Pour commander "Vers les fjords de l'ouest", qui est publié
par "les éditions du contentieux", et qui est vendu au prix de 8 €,
vous pouvez contacter Robert Roman, son éditeur : romanrobert60@gmail.com