Nostalgie, quand tu
nous tiens !
« Sous la
cognée » de Morgan Riet, publié dans la collection « C'est à
dire » des éditions Voix Tissées, renvoie sans aucun doute possible aux
souvenirs d'enfance de l'auteur.
Étant de
la même génération que ce dernier, les poèmes qui composent « Sous la
cognée » me parlent d'emblée, car j'y retrouve des choses très « Old
school » : ces Dyane
jaune, R 12, bonbons mous Kréma, Goldorak, même ce skateboard dont Morgan Riet
a raison de rappeler l'existence.
Au-delà de ces
éléments bien ciblés, le lecteur croise également des lieux et "jeux" qui renvoient
plus largement à toutes les enfances : manèges, chien noir, préau de
l'école, cantine, piscine, football, vélo, premier flirt, bagarres, etc. Bref,
toutes ces pauvres choses qui, parfois malgré elles, suffisent à exprimer
l'inexprimable.
Ainsi, dans ces
poèmes soigneusement découpés en plusieurs strophes et vers courts, Morgan Riet
appuie avec précision là où ça fait mal, car il évoque bien souvent un monde et
des personnes aujourd'hui disparues, avec les regrets qui vont avec.
Cela n'empêche pas
l'auteur d'émailler certains de ces poèmes de jeux de mots, comme par exemple,
dans « ici et là » :
« Inexplicablement,
moi
dans le lit, sur le
bord
du trottoir, en bas
de la cage
d'escalier
sise en-dessous de
ma
chambre où je suis,
ici
et là, si bien que
ne sachant plus si
je
dors ou pas – nuit,
peur,
pleurs contigus,
reje-
tés, classés se-
cri
d'enfance. »
Avec le temps
passé, la méticulosité du souvenir libère toute sa saveur poétique et montre
que l'enfance ne nous a pas quittés d'une semelle, et qu'elle se
déplace en même temps que nous, comme une ombre.
Extrait de
« Sous la cognée » : « Petit cheval »
« Aujourd'hui,
des cordes. Tendue,
capricieuse la voix
du ciel sur les
graviers
de la rue encore en
chantier
me ramène à ces
pleurs
retour d'une fête
foraine.
J'avais quatre ans
et n'y entendais
goutte -
d'autant plus qu'il
ne plut pas, ce
jour-là ! -
et montais donc
plus haut
sur mon petit
cheval
d'émois, à la
moindre idée
de borne, de
limite. Rien
n'a tellement
changé depuis. »
« Sous la
cognée » de Morgan Riet s'achève par une postface de Sanda Voïca, qui nous
éclaire sur le sens du titre du recueil, il est vrai, assez inexplicable, en apparence.
Si vous souhaitez
en savoir plus sur « Sous la cognée » de Morgan Riet, qui est vendu
au prix de 8 €, rendez-vous sur le
site de l'éditeur : http://voix-tissees.com/