Cinquième livre publié par Samaële Steiner et deuxième aux Éditions Théâtrales, "J'attends la foudre et autres textes" est un triptyque de pièces de théâtre.
Le texte central "K-libre" est entouré de deux textes plus courts, respectivement intitulés "J'attends la foudre" et "Ronce".
Tour à tour quasi-monologue, comme "J'attends la foudre", ou dialoguées comme "K-libre" et "Ronce", ces pièces de théâtre, bien que découpées en plusieurs parties, plutôt séquences qu'actes, appartiennent résolument à notre époque. En effet, elles constituent plutôt trois continuités, où le passé comme le futur se jettent dans le présent et y demeurent.
Ici, poésie et théâtre sont parfaitement intégrés. À cet égard, "J'attends la foudre" apparaît comme un poème en vers libres d'une vingtaine de pages. Mais plus que par leur forme, c'est par leur expression que ces textes sont poétiques. Sauf que la poésie ne découle pas de mots recherchés ou rares. On est plutôt dans l'économie de moyens.
La poésie agit donc avec plus de subtilité. Paradoxalement, elle contamine l'ensemble des textes, sans que l'on sache où elle commence et où elle finit (bien sûr, elle commence avec le premier mot et finit avec le dernier !)
Elle se situe dans les relations concrètes tissées par les personnages avec leur environnement : par exemple, dans "J'attends la foudre", avec ces os de loup, ou dans "Ronce", avec la vache qui porte ce nom.
Quand je lis ces trois moments, je vois les personnages se déplacer toujours dans le même sens, dans un long et lent travelling, comme s'ils traversaient un rêve.
Alors que "J'attends la foudre" et "Ronce" sont en contact direct avec l'extérieur, "K-libre" affirme sa différence (apparente), car il appartient davantage au monde intérieur et urbain de la science-fiction, plus vitré que végétal.
La poésie réside également dans les rapports qui se tissent entre les personnages, dont une partie semble échapper au lecteur.
Enfin, elle prend place dans cette architecture intérieure des rêves que bâtissent les protagonistes des trois pièces de théâtre, qui parviennent à nous convaincre qu'ils ont le pouvoir de façonner des mondes meilleurs.
Ici se situe la dimension contestataire de ces textes, qui apparaît le plus clairement dans la résistance à l'enfouissement du fleuve de "K-libre".
Extrait de "J'attends la foudre", de Samaële Steiner :
"J'attends la foudre
qui me changera en arbre
ça viendra d'en haut.
Corps de bois souple je crois que je vais aimer.
Je me prépare.
Être plongée dans le monde.
Vent.
Pluie.
Chants.
Tout.
On m'a raconté des histoires
mais je veux pas de quelqu'un qui vienne
qui me délivre de quoi que ce soit
pas de cheval
pas de moto
je veux la foudre
j'attends la foudre
le feu.
Devenir un arbre."
La photographie de couverture est de Mahaut Bouticourt et la préface de Mariette Navarro.
Si vous souhaitez vous procurer "J'attends la foudre et autres textes", de Samaële Steiner, qui est vendu au prix de 15 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.editionstheatrales.fr/livres/jattends-la-foudre-et-autres-textes-1691.html
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