Quelle écriture
que celle d'Etienne Paulin ! A une époque où dans leur quête de la
simplicité, pas mal de poètes adoptent un style plus journalistique
ou se bornent à ne pas sortir d'un lyrisme plus apaisé, l'auteur dessine
un trait d'union avec toute une époque glorieuse.
Et
là j'évoque le nom de Rousselot, car ces poèmes-ci évoquent la
puissance des meilleurs vers de cet auteur déjà oublié. Aucun doute
là-dessus : les textes d'Etienne Paulin ont de l'allure, de l'exigence, un vrai
port de tête. Ici, les images poétiques ne sont pas qu'un prétexte.
Qu'est-ce ça change des têtes baissées dans le quotidien !
Dans ces
poèmes, il est beaucoup question du poème, ce qui ne me plait
pas d'ordinaire (l'écriture sur l'écriture !), mais là il s'agit d'une
exception car l'auteur parle surtout, me semble-t-il, des limites de la poésie,
notamment par rapport à la musique. Le grand mot est lâché, le mot important. La musique dans la poésie, c'est essentiel non ? Eh bien ici, il y en a.
La suite du
recueil est plus énigmatique, Etienne Paulin s'évade de l'écriture dans les
souvenirs ou dans d'improbables voyages, pas franchement distrayants, ce
qui me fait plutôt plaisir ! Et la boucle n'en sort pas bouclée...
Voici un poème
témoin :
"CŒUR NET
je t'aimais
dans l'autre enfance la dernière
le paradis
depuis s'est répandu
les miracles
sont fréquentés
nos oncles
meurent ou sont morts
pourtant la vie
musquée chantante
dans les villes
terriers de nos paupières
entends ce
carillon posthume et soigne-le
comme la patte
d'un insecte"
Mention
spéciale pour les couvertures des recueils de poètes en potager (celle-ci est
de Dominique Fournil). Cela donne envie de lire de la poésie ces couleurs
claires et ces fleurs, et dire qu'en fait, en arrière-plan, il y a juste un
brouillon de poème !...
Pour en savoir
plus sur ce recueil (et les autres !), allez faire un tour sur le blog des
éditions et de la revue Contre-allées http://contreallees.blogspot.fr/
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