"La
mer devrait suffire" est le deuxième recueil publié par Murièle Camac,
après "Vitres ouvertes" en 2012 (collection Polder de la revue
Décharge).
Comme
dans le premier recueil, et d'après mes souvenirs de lecture, il est souvent
ici question de vacances. Mais derrière ce voyage touristique dans l'espace, il
y a quelque chose de bien plus profond.
Car
l'auteur ne part pas seule en vacances. Elle emmène avec elle, ou plutôt retrouve
là-bas des références culturelles, en particulier celles de la mythologie
grecque (figure d'Ulysse), ainsi que des femmes pas tout à fait comme les
autres (Sylvia Plath, Hatchenpsout).
Il
s'agit donc également d'un voyage dans le temps, qui peut se faire en France,
par exemple, au pays des cathédrales ou dans celui de l'enfance.
Parfois
aussi, l'auteur reste dans le quotidien de la banlieue.
A
travers ces poèmes, au style apparemment simple et aéré par une bonne dose
d'éléments (la mer, le ciel et la terre), Murielle Camac fait preuve de
beaucoup de lucidité dans son rapport aux choses et aux êtres. Une lucidité ni
triste, ni gaie, mais qui me semble ne pouvoir venir que d'une femme.
Par là,
ses textes sont émouvants.
En voici
un, extrait de "La mer devrait suffire" :
"Hatchepsout
je serre
les genoux comme on m'a appris je
croise
les jambesje ravale mes crachats je n'étale pas mes glaires
sur le sol
je m'efforce de rendre mon corps moins laid
je m'arrache les poils
je me pousse quand on me touche
je suis maigre je ne prends pas de place
j'ai une voix qui murmure je ne fais pas de bruit
je n'ai pas de nom
ce ne sera pas le mien qu'on lira sur ma tombe
je ne parle que pour m'excuser
car ma vie ne compte pas
parfois
pleine d'arrogance je me proclame
pharaonje fais bâtir des temples des palais des légendes
parfois je crois triompher
mais on
finit toujours par venir effacer sur mes
colonnesmon nom mes titres et mon visage à coups de
marteau"
Pour en
savoir plus sur ce recueil vendu au prix de 8 €, rendez-vous sur le site des
éditions Henry, http://www.editionshenry.com
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