dimanche 22 mai 2016

"Ce qui berce ce qui bruisse", de Jean-Claude Goiri


Publié par Vincent Rougier Editions dans la collection Ficelle, cet opus 125 de la collection sort vraiment de l'ordinaire.

"Ce qui berce ce qui bruisse" de Jean-Claude Goiri est plein de lyrisme et cela tombe bien, car je suis de ceux qui trouvent que l'on en a toujours besoin. Après, bien sûr, tout dépend comment il est cuisiné. Ici, il l'est fort bien et surtout, avec naturel.

La première partie du recueil ("Ce qui berce") commence le matin et l'on sent que le poète va prendre son envol. De fait, le mouvement ne manque pas dans ces séquences en prose. Le mouvement d'un voyage idéal. Le lecteur comprend vite que ce voyage, le poète le fait dans sa tête et du coup, il va plus vite que s'il se déplaçait vraiment. Ce voyage n'a pas taille humaine, et pour cause, il brasse les espérances de toute l'espèce humaine. Si ce périple pourrait être résumé d’une image, il se ferait dans les ailes d'un oiseau migrateur, et surtout sans kérosène et soute à bagages ou à clandestins.

Extrait de "Ce qui berce" :

"Déraciner ces baisers ancrés sur tes lèvres et en planter un tout neuf pour que ça dure, mordre tes tympans de mots si surprenants qu'ils épuisent ta fatigue pour que ça dure vraiment, démembrer chacun de tes rêves et trouver la place que tu m'y accordes pour que ça dure vraiment beaucoup, ne plus savoir où te perdre et te trouver tout le temps partout même les murs défoncés et les portes grandes ouvertes pour que ça dure vraiment beaucoup dans les courants d'air, ne pas oublier d'"teindre le feu au baisser des paupières afin d'en aviver un chaque matin avec nos étincelles pour que ça dure vraiment beaucoup dans les courants d'air la braise, ne plus penser en toi mais penser en nous pour que ça dure vraiment beaucoup dans les courants d'air la braise quand nous nous parcourons".

La deuxième partie du recueil ("Ce qui bruisse") est davantage ramassée dans son écriture. Les proses font place à de courts poèmes en vers, dans lesquels on peut entendre, en tendant l'oreille, ce qui bruisse. Bien plus que la langue, rassurez-vous. Sauf que les jeux de mots suggèrent le mouvement des sens.

Extrait de "Ce qui bruisse" :

"partout ça prend ça plisse
cheminant fort le corps
de l'eau à l'air ça passe
du dedans au dehors
partout ça pousse ça tendre

la chambre est longue et pourtant
ta chair neuve l'a emplie
bout de nous parmi moi
depuis ce temps que tu es né."

Les gravures (dont celle de la couverture) sont de Claire Illouz.

Pour en savoir plus sur "Ce qui berce Ce qui bruisse", de Jean-Claude Goiri,, qui est vendu au prix de 9 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur Vincent Rougier : http://rougier-atelier.com/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire