dimanche 13 octobre 2024

"Ohitza", d'Anne Barbusse, Louis Ausquichoury et Loan Diaz

 

"Rencontre par la poésie et par l'image" : voilà qui résume bien ce livre, publié par le collectif Poetisthme.

Anne Barbusse et Loan Diaz ont écrit les textes du volume, bien longtemps après que les photographies aient été prises, dans les années soixante et soixante-dix. Louis Ausquichoury, auteur de ces instantanés, souvenirs d'un géomètre voyageur, les a léguées à Loan Diaz qui ne voulait pas qu'elles restent dans l'ombre.

Cela aurait été dommage, car ces photographies constituent un document précieux sur la vie des pays visités, hors Occident : Cameroun, Sénégal, Soudan, Égypte, Jordanie, Israël, URSS. 

J'ai beaucoup aimé ces photos. Pour leurs couleurs tout d'abord : dominante de bleu sombre et de noir. Le fait aussi que les personnes dessus ne sont pas toujours bien visibles. Cela ajoute à l'aspect sauvage des images, à leur spontanéité, désormais figée par le temps.

Car on est ici aux débuts du tourisme de masse. Alors, ces photos, il fallait les faire parler. Ce à quoi s'emploient Anne Barbusse et Loan Diaz, chacun à leur manière.
À l'objectivité apparente (description de l'image) d'Anne Barbusse répond l'intériorité de Loan Diaz. Deux manières différentes de voir et d'interpréter, mais qui dénoncent / déplorent le complexe de supériorité de nos pays face à l'Afrique et le Proche Orient, ainsi que le totalitarisme de l'ex-URSS.

L'avant-voir (ou préface) est de David Paigneau.

Extrait de "Ohitza", d'Anne Barbusse et Loan Diaz (la photographie correspondante est "transcrite" en première de couverture) :

"entre l'eau du fleuve large et la craquelure des terres
homme en blanc marche de dos ne sait pas
un muret de béton draine la réalité
toutes les lignes de fuite convergent vers la droite
y compris
les quatre fils électriques
(puis cela débouchera plus tard
sur le global warning)
l'homme fuit vers la ligne de fuite fuit
le photographe part vers l'avenir ne sait pas
le vent engouffre l'étoffe blanche
la terre vierge l'eau lisse s'offre à la captation des
énergies
le monde semble encore pur

[Anne Barbusse]

un autre riverain des marges, né pour déborder les frontières, celles que tu n'as jamais pu colorier qu'en franchissant les pointillés et les traits.

est-ce pour rejoindre les autres évadés des cartes, est-ce pour perpétuer cette pleine-enfance que tu es si souvent parti ?"

[Loan Diaz]

Si vous souhaitez vous procurer "Ohitza", d'Anne Barbusse, Louis Ausquichoury et Loan Diaz, qui est vendu au prix de 20 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://poetisthme.cargo.site/

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