« Cahier d'Argentine »
de Pierre Andréani, qui vient d'être publié par les éditions du Port d'Attache
(basées à Marseille), constitue, comme son titre l'indique, la relation d'un
voyage effectué en Argentine par l'auteur en 2011.
Dans ce recueil, et comme le
confirme Pierre Andréani dans sa postface, c'est la poésie qui sauve le voyage,
du moins l'inscrit dans une durée qui dépasse ce simple déplacement physique,
assez facile à effectuer aujourd'hui.
Bien sûr, les conditions de vie
sont plus approximatives en Argentine qu'en Europe.
Mais pour qui est armé d'une
carte bancaire, comme l'explique l'auteur, tout devient possible, c'est à dire
finalement pas grand chose.
A moins d'aller chercher là-bas
des apparitions. Les grands écrivains qui ont marqué de leur trace une ville,
par exemple Borges à Buenos Aires, constituent des intercesseurs de poids.
Mais il faut aller plus loin, y
ajouter ses visions personnelles et actuelles, nées de rencontres de préférence imprévisibles.
Pierre Andréani s'y emploie dans
chaque ville d’Argentine qu'il traverse. Il n'a même pas besoin de rentrer en
communication avec d'autres personnes pour déployer ces visions. Bien au
contraire. La magie qui transforme la réalité en vision naît de quelques images
disséminées par ci par là, mais également de la description d'ensembles
hétéroclites, reflet de la diversité (in)humaine.
Tels cet orage vécu dans un
immeuble vertigineux, ou ce fantasme de possession physique d'une femme qui
couche à côté de lui...
Extrait de "Cahier d'Argentine", ce fragment ci-après :
"Rosario, mai 2011. Grand ciel blond, grand ciel rouge. Lune énorme. Où que le regard se porte : moineaux. Les lampions de la fête scintillent calmement, on croirait voir un bateau dériver loin derrière. Car la rivière est noire, de tissu, de velours noir et calme. Est-il possible de rêver pareille scène sans l'avoir effectivement vécue ? Fiesta de Colectividades. Petits mondes d'argile sur les étals aux couleurs de sous-bois. Sacs d'herbe, teintures, de tous les côtés je vois s'activer une si agréable engeance, si touchante, que mon cœur allégé s'y retrouve".
Extrait de "Cahier d'Argentine", ce fragment ci-après :
"Rosario, mai 2011. Grand ciel blond, grand ciel rouge. Lune énorme. Où que le regard se porte : moineaux. Les lampions de la fête scintillent calmement, on croirait voir un bateau dériver loin derrière. Car la rivière est noire, de tissu, de velours noir et calme. Est-il possible de rêver pareille scène sans l'avoir effectivement vécue ? Fiesta de Colectividades. Petits mondes d'argile sur les étals aux couleurs de sous-bois. Sacs d'herbe, teintures, de tous les côtés je vois s'activer une si agréable engeance, si touchante, que mon cœur allégé s'y retrouve".
L’illustration de couverture est
d'Anouchka Wood.
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